Quantcast
Channel: PAYS D'AZUR - livre
Viewing all 93 articles
Browse latest View live

ALPES MARITIMES: LES ÉTRANGES POUVOIRS DE LA SORCELLERIE

$
0
0

 

CHAT ET SORCIERE (26).jpg

Les pouvoirs du sorcier et de la masca sont multiples et ambivalents et quelquefois spécialisés.

La magie offre la possibilité de soumettre et de détruire, mais aussi de protéger et de sauver. Si le sorcier ou la masca est capable d'envoûter et de jeter un sort, d'obtenir certaines faveurs par des sortilèges ou des enchantements, de deviner comme de guérir, ils peuvent tout aussi aisément neutraliser l'influence d'un concurrent.

Les plus anciens, chargés d'expérience, possèdent plus d'autorité et de puissance. Dans cette rivalité où s'affrontent forces occultes manipulées par des initiés, certains secrets et une évidente pratique sont les meilleures gages du succès.

Exerçant leur talent dans la vie quotidienne, comme dans l'exceptionnel touchant au domaine du fantastique et de l'imaginaire, les actes de magie et de sorcellerie peuvent se classer en quatre catégories : les sorts et les envoûtements, les enchantements et sortilèges, la divination et la guérison. Le dernier point qui rejoint la médecine traditionnelle sera inclus à cette dernière.

SORTS ET ENVOUTEMENTS

Les possibilités d'action sont nombreuses en fonction du but poursuivi. Les mascas peuvent causer le malheur des gens et des animaux pour leur seule satisfaction.

Pour atteindre la victime choisie, il faut d'abord la transférer dans une représentation symbolisée par une poupée ou un cœur de cire. Ce support sera ensuite piqué à l'aide d'aiguilles ou soumis à des coups de couteau ou de toute autre arme, en prononçant des formules magiques.

La personne ou la bête ainsi visée sera frappée indirectement, elle sera blessée, atteinte dans sa chair et pourra même mourir.

Dans l'Est du Comté de Nice, la masca posait sur un petit feu un pot rempli d'eau et après avoir nommé la personne, elle invoquait le diable à trois reprises et infligerait une infirmité particulière en répétant : "Je te fais et je te refais".

Autre pratique niçoise, celle qui consiste à placer un balai renversé derrière la porte ou la fenêtre de la victime désignée, puis à introduire un de ses cheveux dans un œuf, quand celui-ci pourrit elle tombera malade.

Mais ces rituels sont souvent superflus, il suffit tout simplement que la masca touche sa victime, qu'elle la regarde ou serre dans sa main un objet lui appartenant pour que le maléfice s'opère.

Malédiction jetée publiquement, animaux envoûtés qui dépérissent bizarrement, nombreux sont les exemples illustrant des démarches de ce type. Les pratiques observées tiennent compte de plusieurs facteurs : le lieu, le moment choisi, les objets nécessaires et les formules à réciter.

Dans le Comté de Nice, on admet que la masca opère plus efficacement à jeun. Curieusement, la même abstinence est recommandée aux médiums opérant dans des séances de spiritisme. Si Pâques est une période propice aux envoûtements en Provence, minuit reste l'heure des sorcières et des mauvais esprits, mais on pratique également à l'aube. Les mascas exercent aussi bien leurs talents chez elles que dans les cimetières ou à la croisée de plusieurs chemins.

Le contact avec la victime, s'il s'opère, doit privilégier la chevelure. Les nœuds faits avec un vêtement, un cheveu, une corde pour enrouler un objet personnel sont autant de moyens de parvenir à ses fins.

Mais parfois, un simple regard suffit à jeter le mauvais sort. L'expression "donner le mauvais œil" est à cet égard très significative. La personne ou l'animal visé tombe alors sous le charme.

Pour éviter de provoquer la jalousie, cause de ce type de vengeance, les paysans méfiants évitent de donner le nombre de leurs moutons, de leurs vaches ou de leurs ruches, les quantités récoltées, protégeant ainsi leurs biens du "mauvais œil".

Bien souvent secrètes, les formules citées viennent des grimoires colportés jadis. Il s'agit souvent de prières transmises oralement et qui se sont ainsi transformées et quelquefois altérées au fil du temps. Les gestes et les signes qui accompagnent le rite relèvent des mêmes origines. Parmi les gestes retenus, signalons le fait de tenir un doigt contre le palais, faire les cornes ou agiter un couteau en l'air.

Les secrets se transmettent parfois la nuit de la Saint Jean et en pleine campagne.

Les pouvoirs du sorcier ou de la masca s'exercent aussi bien sur les événements du cours normal de la vie pour les gêner ou les entraver, que d'une manière plus extraordinaire touchant au fantastique d'une magie de haut niveau.

Dans le premier registre des choses banales, nous retiendrons l'arrêt d'un attelage et aujourd'hui d'une automobile. Cette inexplicable immobilisation d'un véhicule est signalée dans les Alpes comme en Provence.

Citons également la capacité des sorcières à provoquer des chutes causant des accidents ou renversant des véhicules, par la seule magie de pierres ou d'autres obstacles déposés sur les routes et les chemins.

Toutes les contrariétés rencontrées par le paysan dans sa vie de tous les jours ont souvent été imputées aux maléfices distillés par la sorcellerie : attaques contre les animaux de la ferme ou de la basse-cour, dommages aux récoltes, gêne dans le travail, temps désastreux ainsi que tout ratage concernant la préparation du lait caillé, du vin, du pain, de la lessive, des salaisons, de la fécondation du bétail. A ces ennuis, encore présents dans la mémoire et liés au "mauvais sort", s'ajoutent ceux causés aux enfants.

Cela débute par le bizarre tarissement du lait de la nourrice ou encore le refus de la tétée par le nourrisson. Pour rompre ce maléfice, il suffisait de porter l'enfant hors du village et d'offrir un pain à la première personne rencontrée. Si le cadeau était accepté, l'enfant guérissait.

Autrefois, la mortalité infantile était élevée à cause de l'absence d'hygiène et des épidémies, aussi les sorcières étaient-elles rendues responsables des maladies et des malheurs des enfants.

Le regard d'une masca, des friandises offertes suffisaient à envoûter le bébé que les mères s'efforçaient de protéger grâce à des talismans tels qu'un sachet de sel ou un morceau de cierge béni, accroché au berceau. Lorsqu'on emmaillotait le petit être, on faisait le signe de la croix sur les langes et on pinçait le nez du bébé pour faire la nique à la masca !

Un test simple permettait de savoir si l'enfant avait été "emmasqué" : une soucoupe remplie d'eau posée sur sa tête recevait quelques gouttes d'huile qui ne devaient pas s'agglomérer. De même, on lavait le bébé avec de l'eau bouillie avec de la sauge qui ne devait pas se troubler. Dans le cas contraire, l'eau du bain jetée sur le chemin serait piétinée comme le mauvais sort.

Les sorciers peuvent maîtriser les éléments ou les déchaîner : orage, tempête, vent et pluie leur appartiennent. Nous verrons plus loin les moyens de défense contre ces types de maléfices qui incombent souvent aux curés.

La divination est un domaine où excellent les sorciers et leurs consoeurs. Leur don d'ubiquité comme leur capacité à se rendre invisible témoignent de leur voyage possible dans un monde parallèle où le temps n'a plus de mesure, ils touchent alors aussi bien au présent qu'au futur. Cet aspect sera également examiné à part.

Mais en plus des humains, les sorciers et leurs homologues féminins peuvent diriger les animaux. Certains sorciers sont cités pour leurs dons de charmeurs de serpents. Ils peuvent saisir couleuvres, vipères et lézards verts et les caresser sans crainte.

D'autres en sifflant ou en prononçant certaines paroles attirent les oiseaux qui viennent se poser sur leur épaule. Ces cas sont connus en Provence.

Tout aussi étrange, il faut rappeler le don qu'a la masca de vous égarer, de vous faire perdre votre chemin en utilisant une herbe spéciale dite "herbe d'égarement".

Profitant du sommeil de sa victime, elle peut aussi bien favoriser l'amour que le freiner en rendant impuissant en "nouant l'aiguillette".

Les pouvoirs ambivalents de la sorcellerie peuvent aussi conduire à lever le mauvais sort et à guérir des maux engendrés par ces mêmes pratiques.

D'après les "HISTOIRES ET LÉGENDES DES BALCONS D'AZUR",  d'Edmond ROSSI, pour obtenir cet ouvrage contacter: edmondrossi@wanadoo.fr


LE MARLQUIS DE CABRIS, UN PERSONNAGE HISTORIQUE

$
0
0

CABRIS.jpg

Cabris, village proche de Grasse, s'accroche sur un promontoire de la ligne des Plans de Provence, offrant un panorama immense du Var à l'Italie. Ce territoire fut durant des siècles et à compter du XIIIème, le fief des familles de Grasse-Bar, puis des Clapiers de Gréoux jusqu'à la Révolution. L'Histoire a surtout retenu le dernier seigneur et son épouse Louise de Riquetti, sœur de Mirabeau. Leurs excentricités défrayèrent la chronique, portant dans les salons le nom de cet obscur village provençal.

C'est en 1769 que Jean-Paul de Clapiers, marquis de Cabris, épouse par convention Louise Riquetti (1752-1807). Alors que le marquis atteint d'une étrange lubie passait sa journée à cracher dans les bassins pour mesurer la circonférence des mouvements aquatiques, son épouse se livrait à des extravagances mondaines, multipliant les aventures, allant jusqu'à devenir la maîtresse de son frère ! Scandales, intrigues, procès, diffamations, suivis d'incarcérations, entourent la marquise durant la période pré-révolutionnaire. Fuyant la Justice, elle émigre en Italie, où elle deviendra lingère à Gênes, soignant son pauvre fou de mari qu'elle avait entraîné dans son exil.

Ils habitèrent d'abord à Grasse dans l'Hôtel des Clapiers Cabris, encore visible à l'entrée de la rue Mirabeau, mais la naissance de leur fille Pauline et la mésentente entre le marquis et sa mère les conduisirent à construire un nouvel hôtel. Pour être désagréable à sa mère, le marquis le fera édifier au pied de l'ancien, pour lui masquer la vue !

La construction de cet hôtel particulier débute en 1771, baptisé le "Petit Trianon", il est devenu aujourd'hui le musée Fragonard. Edifiée sur les plans de l'architecte milanais Orello, cette bâtisse ne sera jamais achevée tant le marquis avait eu la folie des grandeurs ! Son cahotique destin verra ses boiseries, sculptures et décorations dispersées à travers le monde. Les boiseries du petit salon sont visibles au musée de New York et la cheminée en marbre orne la salle à manger de la Maison Blanche à Washington.

 

Extrait des "Histoires et Légendes des Balcons d'Azur", pour commander ce livre contacter: edmondrossi@wanadoo.fr

 

 

 

 

 

COMMANDER LES LIVRES DÉDICACÉS D'EDMOND ROSSI

$
0
0

Pour obtenir un exemplaire dédicacé d’un livre d’Edmond ROSSI, ouvrir le site

http://pays-d-azur.hautetfort.com

Consulter ensuite la colonne de gauche du site, où figurent les couvertures des livres de l’auteur, puis cliquer sur le titre de l'ouvrage choisi (sous sa couverture) il vous sera présenté avec son prix.

Pour passer commande contacter :

edmondrossi@wanadoo.fr

LES "CASTELLARAS", D'ÉTRANGES FORTERESSES...

$
0
0

CASTELLARAS.jpg

Les Alpes Maritimes possèdent 360 castellaras, implantés sur les hauteurs de la Côte et du Haut-Pays.

Ces enceintes aux murs cyclopéens seraient apparues dès l’âge du bronze, mais les spécialistes les attribuent généralement à l’âge du fer, à cause des vestiges d’occupation qui y furent découverts (Tène moyenne, environ 300 avant J.-C.).

Si leur zone de concentration maximum se situe sur la ligne des Préalpes, les bâtisseurs ont essaimé leurs constructions jusque dans les hautes vallées de la Tinée, de la Vésubie et de la Roya. Chaque commune possède un ou plusieurs de ces sites sur son territoire.

Les castellaras sont des habitats protohistoriques spécifiques, installés sur un sommet ou un épaulement de crête. Ils s’apparentent dans leur structure aux oppidums gaulois.

Ces ancêtres des villages perchés assuraient aux premiers occupants, pasteurs et agriculteurs, la visibilité, l’ensoleillement et une défense passive complétée par des enceintes de gros blocs.

Bien que parfois doté d’un ingénieux système de récupération des eaux de pluie, canalisées vers des citernes, le castellaras restait à l’écart des sources situées en contrebas.

Propres à accueillir bêtes et gens dans des enclos et des cabanes, ces dispositifs protégeaient des prédateurs de toute nature, avec des motivations avant toutes dissuasives.

Si le caractère défensif de ces ouvrages est indéniable, devant quelle menace ont-ils été dressés ? Face aux hordes celtiques ? Aux légions romaines ?

Ces habitats occupés de manière temporaire, à cause du manque d’eau et des transhumances répétées de ces peuplades ligures, posent bien des énigmes.

Cependant, la mise au jour dans ces camps de nombreuses monnaies de l’époque de la Rome républicaine, atteste de la richesse des échanges avant la véritable conquête des Alpes Maritimes par Rome.

Les castellaras disparaîtront brutalement au V ème siècle après J.-C., avec la chute de l’Empire romain. Aujourd’hui, leurs ruines couronnent fièrement de nombreuses collines des Alpes Maritimes, témoignant d’une présence humaine importante durant plus d’un millénaire.

VESTIGES DE CASTELLARAS.jpg

Extrait des "Vallées du Mercantours, Histoire et Patrimoine", pour commander ce livre contacter: edmondrossi@wanadoo.fre

LE FABULEUX « CASTELLARAS DE THORENC »

$
0
0

THORENC LE SITE DU CASTELARAS.jpg

Thorenc, agréable station d’altitude (1200m), s’étend sur un vaste et vert plateau au nord de Grasse, à une cinquantaine de kilomètres de Nice.

Elle s’enorgueillit de posséder un «castellaras» couvert de vestiges étranges propres à faire rêver les amateurs d’Histoire et de Merveilleux.

L’énigme s’est bâtie sur la présence de ruines muettes accrochées au sommet de ce promontoire et évidemment attribuée aux mystérieux Templiers, parce que d’origine médiévale et chargée de secrets. De plus, la rumeur locale persistante d’un trésor caché au milieu des décombres amplifie encore cette fascination. L’Histoire n’est pourtant pas aussi discrète sur le passé de ce site. Si les réalités démystifient des affirmations infondées, elles apportent par contre des révélations intéressantes et tout aussi singulières.

La toponymie de Thorenc, selon Dieudé Defly, dériverait de Castrum Toreduna évoluant en Torrenquo. Toredunum serait un nom gaulois signifiant le camp de Tore. Tor est aussi le nom d’un dieu germanique du tonnerre, de la pluie et de la fertilité. Donc, à l’origine, le «castellaras» défini par les spécialistes (Octobon, Cheneveau) comme un camp, une enceinte défensive «celto-ligure» aurait été consacré à une divinité celle du dieu Tor, maître de la pluie. Cette étymologie situe la naissance du camp vers le premier siècle avant Jésus Christ, alors que la pénétration celte s’est achevée dans la région. Ce camp retranché dominant les pâturages du plateau correspond bien à la vocation de ce type d’ouvrage.

La romanisation entraîne dans ces lieux le passage de la «via Ventiana», voie reliant Vence à Castellane en remontant la vallée du Loup de Gréolières à Andon. Un chemin se détache de cet axe pour rejoindre le plateau, franchissant la crête au pied du castellaras. La route actuelle (D5) l’emprunte et c’est un peu avant le col qu’il faudra abandonner son véhicule pour grimper en une demi-heure à pied vers les ruines par un sentier tracé dans la garrigue. Des fragments de «meules romaines» ont été trouvées au château de Thorenc et en divers lieux de la vallée (Forma Orbis Romani, carte archéologique de la Gaule romaine).

Mais au-delà de l’Antiquité, le destin du Castellaras se poursuit, signalé comme occupé au premier millénaire et au Moyen Âge.

En effet, les ruines d’un vaste village médiéval, visibles lorsqu’on suit le vieux chemin d’accès au sommet, s’étendent à la rupture de la pente où fut tracée la route moderne. Une grotte murée surplombe même cette route.

Mais le site majestueux de l’acropole fortifiée, avec ses grands murs bordant la face occidentale, n’apparaît qu’après le franchissement d’une poterne avec chicane. Aplati, le sommet, magnifique belvédère, est surmonté par les restes de trois édifices caractéristiques: au centre, une chapelle romane en mauvais état, à l’ouest les vestiges d’une forteresse protégée par une série de remparts et enfin, à l’est, une vaste bâtisse de facture plus récente (XV ème siècle) certainement une bergerie ou écurie. L’abandon du site est situé à la fin du Moyen Âge (XIV èmeou XV ème siècle) selon le spécialiste P. Bodard.

D’après J.C. Poteur, le castellaras de Thorenc porte dès 1038 le premier château de la Famille d’Andon. Le type de site recherché au début du XI ème siècle ainsi que l’étymologie du toponyme d’Andon confirmeraient cette hypothèse.

A la suite de combats opposant le Comte de Provence à l’aristocratie de la Provence orientale, le château des seigneurs d’Andon est assiégé vers 1196 et occupé. Sa chute entraîne le départ des sires d’Andon et leur installation sur un site différent, dominant le village actuel qui porte encore leur nom.

L’ancienne forteresse du castellaras de Thorenc n’est pas abandonnée, elle devient le castrum Torenco siège d’une seigneurie citée dès 1200 distincte de celle d’Andon voisine.

Les opérations militaires conduites par le Comte de Provence pour le contrôle de ce secteur se sont déroulées à deux reprises, à la fin du XII èmesiècle (vers 1180) et au début du XIII èmesiècle (vers 1227).

Les révoltes contre le pouvoir comtal sont entretenues par la ville de Grasse et la baronnie de Castellane dont l’influence rayonne sur la région.

Après le siège de Castellane en 1189, le Comte de Provence entreprend vers 1196 une expédition conduite au départ de Grasse, visant à neutraliser certaines places fortes hostiles de la Provence orientale encouragées par le soulèvement et les raids de Guillaume de Forcalquier.

Grâce au soutien actif des Hospitaliers, la troupe s’assure la maîtrise du Castellaras de Thorenc, avant de franchir le col de Bleine et d’échouer près de Saint Auban devant le château de la Faye qui tombera ensuite.

Le Comte décide alors d’isoler son adversaire, Boniface de Castellane, de l’aristocratie rebelle de Grasse, par une ligne solide de fortifications tenues par les Hospitaliers.

Ces supplétifs aguerris occupent alors les châteaux de Comps, La Roque-Esclapon, La Bastide, Pugnefort, La Faye. Dans le secteur de Thorenc, les fidèles Hospitaliers, après s’être emparés de la place forte ennemie de Pugnefort vers 1200 (possession confirmée en donation par le Comte en 1207), installent au pied du Castellaras un château de siège. Ce fortin, bâti sur l’actuelle colline Saint Jean, disparaîtra lorsque les terres qui l’accompagnent seront réunies à celle de Pugnefort pour former une seule seigneurie détenue par les Hospitaliers.

Durbec cite à ce propos le «mont des chevaliers de Saint Jean» qu’il situe en lieu et place du castellaras de façon tout à fait arbitraire.

Il faut peut être trouver dans cette présence de l’ordre militaire des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem à Thorenc, l’origine de la tradition attribuant le castellaras à l’ordre concurrent des Templiers absents des lieux.

Le castrum de Torenco apparaît en 1230 (Liste des Castra), dans les Statuts de Fréjus en 1235, ainsi qu’en 1251-52 (Enquête de Charles d’Anjou), il fera parti de la circonscription administrative de Grasse en 1325.

Les ruines du village dépendant du castrum sont encore visibles de nos jours au pied du versant sud du castellaras, en bordure du vieux chemin reliant Grasse à Castellane. Depuis leurs positions et pour le Comte de Provence, les Hospitaliers surveillent le castellaras qui après l’expulsion des sires d’Andon est tenu par Bertrand d’Amirat, parent et allié des Castellane.

Les consuls de Grasse demandent en 1200 à ce dernier de leur «rendre» le «castrum» pour le mettre en défense (!). Si les conditions qui entraînent les Amirat à y consentir ne sont pas connues, il est perceptible que le fief de Thorenc et sa forteresse sont l’objet de sourdes rivalités entre les puissantes familles de la région.

La place forte aboutit enfin en 1227 au fantasque Boniface, Comte de Castellane qui prête hommage au Comte de Provence pour la seigneurie de Thorenc.

Bien qu’il soit question d’un Blacas de Sartoux, seigneur de Thorenc en 1233, lorsque le Comte entreprend de soumettre la région en 1235, le castellaras est repris aux Castellane «par voie d’échange» et remis aussitôt à Romée de Villeneuve qui venait de s’assurer le contrôle de Nice. Au décès de Romée de Villeneuve, ses droits sont rachetés par sa belle-mère Astruge et restent au moins partiellement la propriété des Villeneuve jusqu’au XVIII èmesiècle.

En 1250, les Castellane opèrent encore quelques raids provocateurs dans le secteur. La paix ne sera assurée qu’en 1262, après que Boniface de Castellane battu, soit contraint de s’exiler en Italie, en abandonnant ses terres au Comte de Provence.

Le castrum de Torenco compte 38 feux en 1263, puis la seigneurie est divisée en 1309, si Giraud de Villeneuve en possède le tiers, les deux autres tiers appartiennent au Comte de Provence. En 1312, il est question, selon Durbec, de la chapelle Saint Pierre du Castellaras, «Sancti Petri de Toranquo», elle est également mentionnée en 1316 et 1376.

Les années noires du XIV èmesiècle débutent dès 1348, avec une épidémie de peste qui décime la population de la région. Puis les troubles occasionnés par les rivalités dynastiques opposant les Angevins aux Duras et les Savoyards à la Provence à propos du Comté de Nice, provoquent le passage de bandes armées opérant pour leur propre compte ou comme mercenaires de l’un ou l’autre parti.

Le village de Thorenc est encore habité en 1386 lorsque la place est investie par un redoutable chef de bande, Vita de Blois. Les vicissitudes des luttes d’influence entre Angevins et Savoyards sur les marches de la Provence entraînent le condottière dans le camp du Comte de Savoie dès 1388 avec sa troupe de 25 lances, soit environ 300 hommes.

Les Archives de Turin signalent : «Vita de Bloye s’est emparé du château de Thorenc : de là, il a emprisonné et pillé des bourgeois, en portant le tout à Nice où il avait sa demeure habituelle. Il en a fait autant en envahissant plusieurs villages tenus par le roi Louis».

En dépit de trêves signées en novembre 1388 et mai 1389 par le «vaillant capitaine», celles-ci sont rompues maintenant l’insécurité dans le secteur. Les Provençaux ne lui laisseront pas occuper longtemps ce point stratégique et la vaste forteresse est reprise et détruite en 1391. Le village subit le même sort.

Au début du XV ème siècle, le castrum de Thorenc n’est plus qu’un lieu détruit et inhabité exclu des affouagements de la viguerie de Grasse. Cette situation se poursuit tout au long du XV ème siècle, une note de 1478 indique toujours Thorenc comme abandonné et la chapelle Saint Pierre sans desservant. La Maison de Pugnefort des chevaliers Hospitaliers est également signalée détruite en 1429.

La famille de Villeneuve reprend possession de son fief bien qu’il soit désert.

Le village comme le château ne seront pas reconstruits. Un dessin de 1592 (Archives d’Etat de Turin) représente le castellaras avec ses trois bâtiments (chapelle du XII ème, château et écuries).

Il est question en 1584 de la chapelle attenante au château des Villeneuve, «château de M. de Thorenc-Villeneuve de Saint Paul». Cette demeure fortifiée surplombant le val, n’est qu’une résidence secondaire pour ces seigneurs occupant par ailleurs des charges importantes.

Une nouvelle famille, les Lombard, prend place au côté des Villeneuve en 1632 comme seigneurs de Thorenc, les deux familles s’allient en 1669.

Parallèlement, les Hospitaliers continuent d’affermer leurs biens à Valderoure.

Plusieurs nouveaux seigneurs s’ajoutent aux précédents au XVIII èmesiècle, ils occupent chacun un quartier de Thorenc mais n’y résident que l’été. A propos du castellaras et en 1787, un médecin amateur d’Histoire, M. Achard, indique que : «le château était au-dessus du village, sur une hauteur entourée de remparts de tous côtés, excepté vers le nord ou le rocher le rendait inaccessible».

Jusqu’à nos jours, le site du castellaras, régulièrement visité par les amateurs du passé, reste à peu près inchangé.

Aujourd’hui, Thorenc présente également un intéressant château du XV ème siècle, dit «château des Quatre-tours». C’est l’ancienne demeure des Villeneuve qu’ils conserveront jusqu’au XVIII èmesiècle avant de la vendre ensuite aux Fanton d’Andon. Cet ancien château fort est adossé à une falaise inexpugnable dont les trois autres côtés sont fortifiés.

Dressé sur une plateforme, il dominait et surveillait la voie de passage reliant Grasse à Castellane en faisant face au castellaras.

Au début du XX ème siècle, le guide touristique Moris, marquant la nouvelle vocation de Thorenc, station climatique d’été, vante «les charmes de cette délicieuse vallée où l’on ne voit que fraîches prairies, sources limpides, bois épais où les malades vont respirer l’air tonifiant des hauteurs et trouver l’Engadine sous le ciel bleu de la Méditerranée».

Une visite du castellaras et de ses environs permet de retrouver des vestiges médiévaux significatifs. Situé à 1400m d’altitude, l’acropole domine au sud le carrefour des quatre chemins au pont sur le Loup supérieur et au nord la vallée de la Lane. Le chemin d’accès prend dans un petit bosquet à gauche de la D5, au-dessus de la ferme des Valettes. Ce chemin, arrivé à un col redescend au nord sur Thorenc, c’est l’ancien chemin de Grasse à Castellane. Grimper ensuite à l’est vers le castellaras.

Les remparts, très élevés, comblent toutes les failles d’accès possibles.

Après le franchissement d’une poterne avec chicane, on trouve à l’intérieur trois bâtiments : le château proprement dit dans l’angle sud-ouest sur des à-pic impressionnants, une chapelle du XII èmesiècle dégradée, un grand bâtiment à l’usage de communs et peut être de gens d’arme et enfin une imposante citerne avec voûte écroulée au nord-ouest du château.

Non loin à l’ouest et sur une éminence, on distingue la trace d’une «chapelle Saint Jean».

Redescendant du castellaras vers le sud, l’ancien chemin longe des ruines disséminées dans d’épais fourrés. Au nord, les structures supposées d’une église, vaste rectangle de quinze mètres sur cinq, d’abside carrée. A proximité, trois grandes bâtisses à salle unique, cet ensemble laisse supposer un relais hospice pour accueillir les voyageurs affrontant l’hiver ces solitudes enneigées.

Plus au sud, dans les restes d’une enceinte, les ruines des maisons du village détruit au XIV èmesiècle, sont encore repérables.

Le site exceptionnel du castellaras de Thorenc, coiffé de ses ruines médiévales témoignant de sa fin tragique, frappe l’imaginaire au point d’avoir fait naître le mythe d’un trésor caché dans ses flancs.

Il est question là encore, comme chaque fois qu’il s’agit du Moyen Âge, d’un trésor templier et ceci bien que seuls les chevaliers de l’Ordre des Hospitaliers aient fréquenté les alentours.

Les partisans, convaincus de cette hypothèse hasardeuse, maintiennent que les Hospitaliers récupérèrent une grande partie des biens du Temple lors de sa dissolution et accueillirent en plus, bon nombre de leurs frères persécutés en 1308. Cette rumeur sera attestée en 1983-84 par les fouilles brutales conduites par une Comtesse italienne qui sonde le rocher à la dynamite pour y creuser un soi-disant élevage de vers de terre ! Ceci après avoir acheté la passivité complaisante de la Mairie propriétaire des lieux.

En effet, la municipalité avait acquis les biens de la famille Weiss, décimée dans les camps de la mort hitlériens qui possédait terrains et hôtels dans la station.

Aujourd’hui, l’ODAC (Office Départemental d’Action Culturelle) envisage de réhabiliter le site classé du castellaras, en y installant un élevage (!) d’aigles royaux, ce qui correspond mieux à la vocation naturelle de ce «nid d’aigle».

Edmond ROSSI

D’après les « Histoires et Légendes des Balcons d’Azur », pour commander ce livre dédicacé par l’auteur, contacter : edmondrossi@wanadoo.fr

 

THORENC, LE CASTELLARAS.jpg

 

L’ÉNIGME DU GALET GREC DE TERPON À ANTIBES

$
0
0

 

GALET D'ANTIBES.jpg

Antipolis, au témoignage de l'archéologie, à été fondée dans la première moitié du VIème siècle (vers 570-560 ? ) par les Phocéens de Marseille, sur un site précédemment occupé par des indigènes. Antibes fut donc, dans l'Antiquité, une cité grecque, parlant et écrivant le grec, avec des institutions grecques, des cultes grecs, etc. Pourtant, peu d'inscriptions grecques y ont été découvertes, la plus ancienne et la plus importante, la plus mystérieuse aussi, est celle qui est gravée sur la pierre dite «galet d'Antibes» ou «galet Terpon».

Il ne s'agit pas, en effet, d'une pierre taillée, mais d'un galet de grandes dimensions (65 x 21 cm, poids 33 kg), fait d'une roche vert foncé, qu'on appelle la diorite. Ce galet était autrefois incorporé dans le mur d'une petite construction probablement maison de pêcheur, dans le quartier de la Peyregoué à l'ouest d'Antibes, où il semble avoir été pour la première fois remarqué en 1866.

Sur cette pierre très dure, l'inscription n'a pas été gravée, comme c'est le cas d'habitude, régulièrement, au ciseau, mais plutôt entaillée à l'aide d'une pointe, dont les impacts rapprochés et successifs sont visibles en certains endroits. Cette technique assez rudimentaire explique certaines irrégularités dans la forme et la dimension des lettres. Ce sont dans l'ensemble celles de l'alphabet ionien, mais il y a quelques exceptions. D'après leur forme, l’inscription paraît dater de la deuxième moitié du Vème siècle.

Le texte, voir figure, se déchiffre aisément; il s'agit de deux vers (hexamètres).

La gravure détache non seulement les vers, mais aussi les coupes. La seule particularité notable, dans le détail, est que le v avait été oublié par le graveur et a été rajouté au-dessus de la ligne.

Traduire, c'est déjà interpréter, et les problèmes apparaissent d'emblée. On peut proposer la traduction suivante : «Je suis Terpon, serviteur de l'auguste Aphrodite ; puisse Cypris, en échange, accorder sa grâce à ceux qui m'ont confié cette charge.» Le sens, on le voit, n'est pas très clair. Quelques explications sont nécessaires, qui, malheureusement, prendront la forme d'interrogations plus que d'affirmations.

Le premier mot pose déjà un problème, car il peut s'interpréter soit comme un nom propre, soit comme le participe présent (masculin singulier) du verbe signifiant «réjouir» (et non : «se réjouir»). La deuxième hypothèse ne menant à aucune construction raisonnable, il vaut mieux considérer ce mot comme un nom propre. Terpon est fort possible comme nom d'homme, mais il est connu aussi comme le nom d'un des Silènes qui forment le cortège soit de Dionysos, soit d'Aphrodite. L'inscription s'adressant au vers deux, à Aphrodite, on est tenté de penser qu'il ne doit pas s'agir d'une coïncidence; mais que viendrait faire ici le Silène ? La dédicace ne peut être le fait que d'un homme. Sur ce point, on est donc pour le moment dans l'impasse.

La deuxième difficulté concerne le sens de l'expression. Certains commentateurs, considérant que c'est la pierre elle-même qui parle (usage très répandu dans les inscriptions grecques, surtout à l'époque archaïque, ont pensé que l'expression désignait ceux qui l'ont déposée, érigée, dédiée : «Que Cypris accorde sa grâce à ceux qui m'ont érigée.» Mais le grec, en ce sens, emploie normalement un autre verbe. Le sens du verbe que nous avons ici, est, dans la majorité des cas, celui de nommer quelqu'un à une charge ou à une fonction. On est donc renvoyé à «serviteur», et on entrevoit le schéma suivant : quelqu'un a été nommé «serviteur» d'Aphrodite, c'est-à-dire en quelque façon prêtre, membre du clergé,  en reconnaissance pour cet honneur, il appelle sur ceux qui lui ont confié cette charge la bénédiction de la déesse.

Ce point de départ relativement solide nous permet de revenir à Terpon. Le sens exact  permet en effet d'écarter définitivement la thèse selon laquelle le Terpon de l'inscription serait le Silène: nul ne saurait, en effet, le «nommer» ou «I’ instituer». Faut-il pour autant admettre que c'est par hasard que le personnage nommé «serviteur» d'Aphrodite s'appelait précisément Terpon ? La chose parait difficile. Il vaut mieux penser que c'est justement à la suite de, sa «nomination» que le personnage en question a pris l'identité de Terpon, est «devenu» Terpon. Dans certaines associations cultuelles et notamment dans les mystères de Dionysos, certains membres de l'association étaient chargés, lors de certaines cérémonies, de tenir le rôle de divinités ou de personnages mythiques associés à la «geste» du dieu, qui était représentée devant l'assemblée des fidèles. Or, Terpon fait partie de la suite aussi bien de Dionysos que d'Aphrodite, Nous aurions donc affaire ici non à un culte de la cité, mais à une association privée, une sorte de thiase vénérant Aphrodite dans des formes comparables à celles que prend ailleurs le culte de Dionysos. Etre admis dans un de ces thiases supposait une initiation; s'y voir confier une fonction comme celles dont il vient d'être question signifiait que l'on avait franchi un degré dans la hiérarchie, stricte et complexe, de ces associations. C'est ce qui serait arrivé à notre «Terpon» ; pour marquer sa dévotion à la déesse, il ne se désigne que par son nom d'initié; il est fier de sa promotion et reconnaissant envers les membres du thiase qui l'ont promu.

Mais il y a d'autres problèmes. Une inscription ne peut être considérée indépendamment de son support. Or, celui-ci est tout à fait singulier. Il n'y aurait aucun problème si l'inscription était gravée sur une statue ou sur une base, comme c'est l'usage: il s'agirait de l'effigie de «Terpon», consacrée par lui-même à Aphrodite et proclamant par l'écrit son identité. Mais cette pierre brute peut difficilement avoir fait partie d'une base. Toute la difficulté vient donc de ce que ce document n'entre pas dans une série, de ce qu'il n'est semblable à aucun autre.

 Certains ont cru pouvoir donner un sens à ce galet en expliquant qu'il s'agit d'une représentation ou d'un symbole phallique, ce qui n'étonnerait pas dans le contexte. Mais cette pierre n'a vraiment pas une forme suggestive, et, d'ailleurs, lorsque

les Grecs représentent, en général dans un but religieux, le sexe masculin, ils le font d'une façon qui ne laisse aucune place au doute. Les Grecs n'avaient, en ce qui concerne les choses du sexe, ni complexes ni tabous, le symbolisme et l'allusion étaient donc, en ce domaine, superflus. D'autre part, si phallus il y avait, il aurait nécessairement été présenté en position dressée (oblique plutôt que verticale), or, il n'y a, sur la pierre, aucune trace indiquant une fixation quelconque sur une base. Ilest probable que, comme le suggère la disposition du texte, elle gisait horizontalement.

Faut-il chercher la solution du côté des argoi lithoi, pierres (plus ou moins) brutes dressées, auxquelles les Grecs, dans certaines régions, rendaient un culte? La chose parait impossible; outre qu'on trouve la même objection technique que précédemment, ces pierres brutes étaient toujours censées représenter une divinité. On serait alors obligé d'interpréter Terpon comme le Silène (encore ceci ne serait-il qu'à moitié satisfaisant, car Terpon n'est pas vraiment une divinité, mais un membre d'une «collectivité mythique»), ce qui, nous l'avons vu, ne s'accorde pas avec le sens normal de l’inscription.

On constate ainsi que la véritable difficulté n'est pas de reconstituer ce qu'a pu être l'«histoire» de «Terpon», elle est de comprendre pourquoi un galet proclame «Je suis Terpon»...

On aimerait pouvoir conclure: quoi qu'il en soit, cet énigmatique monument est à coup sûr un témoignage sur le culte cl 'Aphrodite à Antipolis. Malheureusement, cela même n'est pas possible, du moins pas avec une certitude totale. La graphie et la langue ne sont pas réellement typiques, ce pourrait être du style poétique, d'un peu n'importe où. La pierre peut fort bien avoir été apportée à Antibes d'un lieu quelconque et à une époque indéterminée, soit en tant que pierre (pour lester un navire, par exemple), soit parce que l'inscription avait attiré l'attention d'un voyageur. Même l'hypothèse d'un faux ne peut être complètement écartée.

Le galet grec dit de Terpon est visible au musée archéologique  (Musée Picasso) d’Antibes.

Pour en savoir plus, consulter le livre « Histoires et Légendes du Pays d’Azur », vous pouvez obtenir ce livre dédicacé par l’auteur en contactant : edmondrossi@wanadoo.fr

 

CAÏS DE PIERLAS, UNE NOBLE FAMILLE DU COMTÉ DE NICE

$
0
0

PIERLAS VILLAGE.JPG

 

Situé au bout d'une route acrobatique, serpentant à travers les schistes rouges de la région du Cians, Pierlas est un modeste village de montagne, environné d'alpages. Tour à tour, fief des Grimaldi de Beuil puis d'Annibal Badat après 1621, enfin des familles Brès et Léotardi, il sera érigé en comté en faveur des Caïs, derniers seigneurs du lieu.

La famille Caïs ou Cays, originaire du Valdeblore, est certainement une des plus anciennes du comté, déjà connue au Moyen Age en Provence.

Le plus célèbre représentant, le comte Eugène Caïs de Pierlas, naquit à Nice le 14 Octobre 1842. Après avoir fait ses études à Nice puis à Turin, il se destine à la carrière diplomatique puis y renonce après son mariage en 1859.

Il se consacre d'abord à la peinture avec succès, ses tableaux lui valant plusieurs prix décernés par l'Académie des Beaux Arts de Turin. Il se tourne ensuite vers la paléographie et l'histoire de son pays. Son érudition lui vaut d'être reconnu comme le plus éminent historien niçois de la deuxième moitié du XIXème siècle. Parmi ses nombreuses publications, on peut citer : "Documents inédits sur les Grimaldi", "Cartulaire de l'ancienne cathédrale de Nice", "Le XIème siècle dans les Alpes-Maritimes", "Le fief de Châteauneuf", "Le Chartier de l'Abbaye de St Pons" et surtout "La ville de Nice pendant le premier siècle de la domination des princes de Savoie", ouvrage réédité récemment et qui fait toujours autorité pour l'étude du XVème siècle.

Eugène Caïs de Pierlas s'éteindra à Turin le 10 Avril 1900.

Pour mieux connaître le riche passé du Comté de Nice, consulter les livres d’Edmond ROSSI, Site:http://alpazur-edmondrossi.monsite-orange.fr

LES RUINES MYSTÉRIEUSES DE CHÂTEAUNEUF DE CONTES

$
0
0

RUINES DU VIEUX VILLAGE DE CHATEAUNEUF DE CONTES.jpg

 Châteauneuf est remarquable par les ruines du village fortifié et de son château qui représentent un stade intermédiaire d’occupation. Les noms de Châteauneuf et de Villevieille peuvent en effet prêter à confusion. Le village actuel est construit sur un site romain antérieur à celui élevé, sur lequel se trouvent les ruines, c’est pourquoi il porte le nom de «Villevieille» (la Villa Vétus ou Vétula), l’ancien castrum.

Le castrum novum ou Châteauneuf s’élèvera plus tard sur la montagne pour mieux se défendre contre les Lombards (576) et les Sarrasins (970). Cette occupation se poursuivra jusqu’à la fin du régime féodal. On l’appelait Castelnuovo de Nizza pour le distinguer des autres Châteauneuf.

Les Lombards, venus d’Italie sous la conduite d’Alboin, détruisirent complètement Cimiez en 574 (?), dévastèrent Nice, Vence, Glandèves, sièges d’évêchés.

Devant ce péril, les populations furent contraintes de se réfugier sur des sites inaccessibles, il en sera de même plus tard lorsque les Sarrasins exerceront leurs ravages sur la Côte.

L’ancien castrum des Romains, sur le plateau de Villevieille, sera abandonné pour la position rocheuse dominante voisine, baptisée Castrum novum.

Pour assurer une meilleure défense, Châteauneuf sera entouré de hautes murailles flanquées de deux tours qui en feront une place forte réputée du Moyen Âge.

Le plus ancien document qui se rapporte aux droits féodaux à Châteauneuf remonte à 1030. C’est une charte de Saint Pons qui indique que l’évêque de Nice, Pons III, fils d’Odile et frère de Miron, seigneur du fief de Châteauneuf, donne à l’Abbaye le village de Châteauneuf et deux hameaux qui en dépendent. Mais à la mort de Rodolphe - Roi de Bourgogne - en 1032, les grands vassaux de Provence abusent de la faiblesse du pouvoir central pour s’emparer des biens des monastères, quitte à en restituer la partie la moins intéressante un siècle plus tard.

C’est ainsi qu’en 1109 les fils de Pierre Isnardi (Isnard, Guillaume Talono, Pierre Austrigo et Raymond) donnent au chapitre de Nice l’église de Villevieille et ses terres. Ces quatre seigneurs de Châteauneuf sont issus de la famille Dromon, originaire de la haute vallée de la Durance. Les différentes branches portèrent le nom de Castro Novo. En 1158, Isnard porte le nom francisé de Châteauneuf qui apparaît dans la Liste des Castra (1232), dans l’Enquête de Charles d’Anjou (1251-52) et sera placé en 1325 dans la Viguerie de Nice.

En 1249, le fief est partagé en trois au profit de dix seigneurs différents, puis en douzième en 1311. Ce ne sera qu’un début car le fief connaîtra plus tard jusqu’à 45 coseigneurs appartenant à toute l’aristocratie du Comté de Nice !

L’historien local Mellarède dit à ce propos : «Il n’y a point de fief qui soit divisé en autant de vassaux que celui-ci». Indivis jusqu’au début du XIII ème siècle, le fief de Châteauneuf sera partagé entre diverses familles feudataires de l’endroit : les de Châteauneuf, Chiabaudi, Badat, Boveti, de Castellane, Ricardi, de Revest et Foulques Caras.

La plus grande partie du fief passa alors par les femmes à d’autres familles et par la voie des successions, de ventes et de cessions, il se morcellera de plus en plus.

Au début du XV ème siècle, les Comtes de Savoie créèrent une nouvelle noblesse, ajoutant ainsi des familles comme feudataires de Châteauneuf.

Lors de la succession de la Reine Jeanne, les anciennes familles seigneuriales avaient pris parti pour les Angevins telles les Châteauneuf, de Revest, de Castellane, Blacas, Cays, Ricardi, Boveti, Caras. La famille des Grimaldi de Beuil prit la tête d’un mouvement politique dès 1388 contre l’autorité du nouveau prince Amédée VII de Savoie.

Mais les autres nobles vendirent leurs fiefs, leurs châteaux, leurs terres et disparurent pour toujours ou s’éclipsèrent temporairement. Seules les familles de Berre, Richieri, Badat, Marchesan, Bermondi parmi les plus anciennes restèrent au pays. C’est pourquoi le Comte de Savoie choisira des roturiers émergeant des classes moyennes, pour leur accorder places, titres et honneurs, créant ainsi une nouvelle noblesse dévouée. Il s’agira des Roccamaura, Galleani, Busquetti, Capello, Tonduti, de Caroli, Gapeani, Martini, Barralis, etc…

Châteauneuf ne fut pas détruit par un tremblement de terre mais déserté progressivement à compter de 1748, il est encore le centre d’un service religieux en 1791 et le restera jusqu’en 1804. Bonifacy note qu’il était «bien peuplé en 1702, en décadence en 1749, ruiné en 1792, dépeuplé en 1819». On ne compte que deux familles en 1866.

Les ruines du XVIII ème siècle ont été fortement endommagées lors du tremblement de terre de 1887, avant ce cataclysme, l’église possédait encore ses deux absides et  le clocher à trois faces était debout bien que décapité. En dessous de l’église et à l’ouest, se dressait le palais des nobles Galléan. Cette famille, agrégée à la noblesse de Châteauneuf dès 1483, compte parmi ses représentants d’éminents personnages : chevaliers et commandeurs de l’Ordre de Malte qui s’illustrèrent sur mer comme capitaines et amiraux.

L’enceinte de la ville était fermée par trois grandes portes fortifiées : la porte principale, à mi-côté de la citadelle, vers le midi, une deuxième à l’extrémité du promontoire nord et  la troisième plus petite située vers le levant, appelée «le Portalon».

Au XVI ème siècle, se dressait un château avec une grande tour appartenant au Duc de Savoie, sa partie inférieure servait de prison, au sommet une chambre abritait un gardien.

En dehors et non loin des ruines, s’élevait la chapelle Saint Joseph et la grande tour Riboty, rasée en 1899 après avoir été foudroyée.

Ce bourg fortifié a joué un rôle très brillant au Moyen Âge, les plus nobles familles de Nice y avaient leur domicile. Les unes tenaient manoir toute l’année, les autres villégiaturaient de Pâques à la Toussaint.

Avec ses nombreux coseigneurs, la citadelle devint comme le dit J.B. Martel « le nid de la noblesse niçoise ».

Mais, à la fin des menaces de guerre, une lente émigration s’opère entraînant les riches vers la ville et les paysans à se rapprocher des campagnes. Les mêmes phénomènes causeront l’abandon d’autres villages prospères comme Aspremont, Gréolières, Séranon, Tournefort.

Déserté au début du XX ème siècle, le champ de ruines sera victime des dommages des intempéries et des pillages. Aujourd’hui, il ne reste que des ruines à peu près méconnaissables, des débris de murs envahis de ronces et  comme si l’œuvre de destruction du temps semblait trop lente, la pioche s’est acharnée à hâter la démolition de la vieille citadelle. Le four banal, le moulin, les linteaux des portes ogivales ont été démontés pièce par pièce et transportés jusqu’à Châteauneuf Villevieille.

L’enceinte polygonale encadre encore des pans de murs, des voûtes effondrées où l’on repère l’église de Saint Pierre et ses absides, les restes des palais des Galléan, des Torrini et des Biglion, le château féodal avec sa tour carrée, ses créneaux à deux pointes et ses meurtrières et, hors de la citadelle, la chapelle Saint Joseph couverte de tuiles plates après sa restauration de 1899. Dans les habitations à ciel ouvert, apparaissent les cheminées et les niches qui servaient à ranger la vaisselle et les provisions.

Il est intéressant de visiter les bas fonds révélateurs de la vie au Moyen Âge. Les parois verticales des rochers, comme les assises des bâtiments, sont creusées de rigoles destinées à recueillir l’eau dans les citernes.

Etables, abreuvoirs, crèches, silos à grain, fosses, rappellent la vie rurale des occupants de ces masures. Des boyaux, des couloirs étroits et obscurs sont autant de retraites souterraines servant de magasins et de cachettes pour aboutir à des cavernes, véritables repaires troglodytes.

A partir de l’église Saint Pierre, il est facile de situer le Palais Galléan au-dessus et vers le couchant et la Maison Torrini à l’ouest de ce dernier.

Le panorama grandiose, offert de cette position élevée, permettait une admirable surveillance des deux vallées, celle du Paillon vers Contes et celle de Tourrette-Levens à l’ouest. Classées Monument Historique, les ruines romantiques de Châteauneuf de Contes dont l’architecture se confond avec les falaises, offrent le témoignage le plus authentique d’une citadelle caractéristique du Moyen Âge.

Voici comment J.B. Martel, auteur d’une monographie sur Châteauneuf, présente Pierre de Châteauneuf, célèbre troubadour, auteur de poésies en langue latine et provençale.

En 1265, il suivit l’expédition de Charles d’Anjou, Comte de Provence, frère de Saint Louis, roi de France. Les dangers que ce prince courut sur mer, son débarquement à l’embouchure du Tibre, avec 36 galères, les fêtes de son couronnement à Rome, comme roi de Naples, par le pape Innocent IV, ont fait le sujet d’une chanson en vers, composée par Pierre de Châteauneuf qui jouit d’une grande renommée parmi les Trouvères.

Il dédia également un poème à la reine Béatrix, à l’occasion de son couronnement comme reine de Sicile. Il a écrit encore une satire, intitulée Simenti, contre les princes de son temps. L’abbé Bonifacy dit de lui : «Fiori in questo tempo (an. 1250) il chiarissimo poeta Pietro della nobile famiglia di Castelnuovo, cosi detta dal feudo che possedeva». Et plus loin, pour l’année 1265 : «Il nostro poeta Pietro dedica il suo Poema a Beatrice Comtessa di Provenza, in occasione che fu coronat a regina di Napoli».

L’historien Nostradamus (XVI ème siècle) raconte, qu’ayant été arrêté dans un voyage par des voleurs, ceux-ci lui prirent son cheval, son argent, ses habits et jusqu’à sa chemise, ils allaient même attenter à sa vie, quand De Châteauneuf les supplia de lui permettre de faire encore, avant de mourir, une improvisation à leur louange. Ce sang-froid et cette idée extraordinaire, dans un moment si critique, mirent les assassins de belle humeur. Non seulement, ils le laissèrent tranquille, mais ils lui restituèrent tout ce qu’ils lui avaient pris, puis l’emmenèrent avec eux faire un bon dîner, au cours duquel il put suivre son inspiration poétique tout à son aise ! Pendant plus de trois siècles, les troubadours firent de la Cour des Comtes de Provence la plus brillante et la plus policée de l’Europe. Ils charmèrent l’aristocratie, et, en inspirant l’amour des lettres, ils eurent une influence très marquée sur la civilisation des peuples. Les tensons, sirventes et chansons naïves des trouvères, offrent d’admirables modèles d’éloquence, chefs-d’œuvre d’imagination et de sensibilité. Ils perfectionnèrent la langue romane ou provençale primitif et  lui donnèrent une grande célébrité dans tout l’Occident. Ils inventèrent la rime et la modulation des vers. On leur doit ce poli dans l’expression, cette vivacité dans les idées, cette douce simplicité qui constituent les beautés du langage provençal.

Pour en savoir plus sur le passé historique des Alpes Maritimes, consulter les « Histoires et Légendes du Pays d’Azur », ce livre dédicacé par l’auteur peut être commandé en contactant :edmondrossi@wanadoo.fr


LES TEMPLIERS À NICE ET SA RÉGION

$
0
0

 1147 LE CHAPITRE GENERAL DE L'ORDRE DU TEMPLE.jpg

Maison du Temple de Nice
Les documents qui nous sont parvenus de la Commanderie du Temple de Nice et de Grasse sont peu nombreux ; sept articles d'inventaire ont suffi pour en donner l'analyse. Mais un catalogue de leurs archives, dressé par les Hospitaliers au XVIIIe siècle, nous a permis de reconstituer à peu près le fonds des Templiers pour Nice, Grasse et Biot, où ils avaient des propriétés.
Les chevaliers du Temple possédaient également des biens dans les arrondissements actuels de Grasse et de Puget-Théniers, à Rigaud, Touët, Tournefort, Villars, la Penne, Guébris, Collongues, Saint-Etienne, Saint-Dalmas-le-Selvage, Saint-Sauveur, Puget-Théniers ; cependant nous n'avons trouvé aucune trace de papiers provenant de ces Commanderies.
Dès l'année 1129, la commanderie de Nice se constituait. En 1135, l'évêque de Nice céda des biens considérables à l'Ordre du Temple et le chevalier Arnald fut envoyé de Rome pour prendre possession de la nouvelle commanderie; Pierre de Nice lui abandonna en 1144, les revenus de l'église de Gastes ou Gattières.
La pièce la plus ancienne remonte à 1193. C'est un acte de vente de deux terres sises Aubessane, terroir de Nice, faite par Pierre Riquier (1) au Commandeur, qui était propriétaire aux quartiers de l'Impeirat, de Fontgueirande, de Crémat de Champlong et sur les bords du Var (2).
En 1211, Bertrand, évêque d'Antibes, lui donne dans la ville de Grasse, l'église Saint-Jacques et un cimetière ; il achète ou reçoit en don des terres sises aux quartiers de Placassier, de Saint-Laurent, de l'Etang, etc... (3)
Le droit d'asile, dont jouissait l'église Saint-Jacques, fut l'occasion d'un procès qui ne dura pas moins de douze ans. Le 12 mars 1294, un criminel, qui s'y était réfugié, est enlevé par les officiers de l'évêque. Au nom des privilèges de l'Ordre, le Commandeur fait sommer ledit évêque de lui rendre son prisonnier. Le 17 du même mois, d'abord, puis le 8 avril, la sommation est répétée sans succès.
Enfin, le 20 juin - 1306, des lettres du juge mage de Nice obligent les officiers à donner satisfaction aux chevaliers (4).
Le Commandeur de Nice et de Grasse était seigneur de Biot, par suite de la donation à lui faite, en mars 1209, par Alphonse II, comte de Provence, du château et de la ville en toute juridiction, sans aucune réserve.
Il reçoit, en 1242, d'Isnarde de la Pêne, la cinquième partie de la moitié de Clausonne ; en 1288, de Geoffroy de la Pène, la quatrième partie dudit terroir.
1. Archives des Alpes-Maritimes H. 1516.

2. Archives des Alpes-Maritimes H. 1407-1412, 1416.
3. Archives des Alpes-Maritimes H. 1407-1412, 1416.
2. Archives des Alpes-Maritimes H. 1508.
Sources : Inventaire Sommaire des Archives Départementales antérieures à 1792 Rédigé par M. Henri Moris, Archiviste. Alpes-Maritimes - Archives Ecclésiastiques - Série H. - Nice, 1893
La plupart des historiens font remonter à l'année 1135 la fondation de la maison du Temple de Nice. Mais leur opinion ne repose sur aucun fondement. Ils ont pris pour un Templier cet Arnaud qui reçut, au nom de l'Hôpital, en 1135, une donation de l'évêque de Nice. Peut-être l'ont-ils confondu avec Arnaud de Bedos, maître régional de la milice, dont nous savons qu'il déploya une grande activité, à partir de 1136, dans la vallée du Rhône. Il n'est pas exclu cependant que ce soit vraiment un autre Arnaud, évêque de Nice à partir de 1151, qui ait appelé le Temple dans cette ville pendant la durée de son épiscopat. Ledit Arnaud avait déjà favorisé, en effet, l'installation de l'Ordre à Richerenches alors qu'il n'était encore que sacristain d'Orange. Son zèle en faveur de l'Ordre, qui fut déterminant sur la rive gauche du Rhône ne put se démentir à Nice, où tout était encore à faire en faveur de celui-ci. Malheureusement il ne se trouve aucun texte pour appuyer une telle hypothèse.
Si l'on s'en tient aux seuls documents contrôlables, les Templiers n'apparurent à Nice qu'en mai 1193 comme acquéreurs de certains biens appartenant à Pierre Riquier et contigus à la « maison du Var » (aux environs de Saint-Laurent-du Var), tenue par les Hospitaliers. Il n'est pas encore question alors de la maison du Temple, et les biens de Pierre Riquier furent vendus à un simple frère de la milice. La « maison du Temple » de Nice et son premier précepteur connu, Guillaume Geoffroi « del Muoil », ne sont mentionnés qu'au début du XIIIe siècle, dans un acte du 10 juillet 1202 passé « ad Cavalariam. » Mais cet acte nous révèle que l'Ordre possédait aux abords de Nice, à Saint-Pons et à Lympia, des biens que nous ne voyons pas tomber en son pouvoir dans l'intervalle (entre 1193 et 1202) et dont l'acquisition, par conséquent, peut fort bien se situer avant 1193. Un historien de Nice parle à ce sujet d'une charte de 1154 d'après laquelle les templiers auraient eu une maison dans la ville même. Encore que la chose soit possible, étant donné que la date coïncide avec la présence de l'évêque Arnaud à Nice, nous ne pouvons en faire mention que sous réserve car l'auteur, souvent douteux, ne cite aucune référence. Le fait que le grand maître de l'Ordre, Hugues Geoffroi, ait été témoin, en 1176, au traité conclu par les consuls de Nice avec les comtes de Provence, à Nice même, ne signifie pas, non plus, que l'Ordre fut alors établi à demeure dans ce pays.
De Nice, terme de leur marche vers l'Est, les Templiers se répandirent largement de chaque côté du Var. Ils se fixèrent notamment à Grasse, Biot et Rigaud et y établirent de nouvelles commanderies. Ces commanderies jouirent d'une large autonomie bien que la maison de Nice restât leur préceptorale et qu'elles eussent souvent un administrateur commun appelé « commandeur de Nice-Grasse-Biot ».
On ne possède que fort peu de renseignements sur les acquisitions effectuées directement par la commanderie de Nice. Nous avons par contre des détails assez précis sur le développement des maisons de Grasse, Biot et Rigaud.
Sources : Joseph Antoine Dubec - Les Templiers et les Hospitaliers en Provence et dans les Alpes-Maritimes - Mercure Dauphinois - 2001
Un hôpital peut également avoir été attaché à la maison de Nice à la fin du XIIIe siècle (1). Certes, la situation provençale paraît loin de celle de l'Italie, où les Templiers gérèrent de nombreux hôpitaux, ou bien de celle de Provins par exemple, où deux maisons de charité furent encore sous la direction de l'ordre (2). Mais ces rares mentions ne peuvent être négligées, d'autant plus que les Templiers, accusés d'avarice et d'inaction, purent remettre l'assistance à l'honneur sous la maîtrise de Jacques de Molay (3). Dès 1274, le mémoire rédigé en Provence à l'attention de la délégation du IIe concile de Lyon, insiste clairement sur les mérites de l'ordre en faisant valoir que les pèlerins, les pauvres, les orphelins, et même les femmes enceintes bénéficiaient d'aumônes et de soins spécialisés dans les maisons de l'ordre (4). Au total, il semble bien que l'Hôpital comme le Temple aient rempli - bien que sans zèle excessif - la mission qui leur était confiée, dans la mesure où la défense des populations comme l'assistance ne faisaient pas partie de leurs fonctions premières en Occident.
1. En 1274, un acte est passé « in domo ospitalis Templi », J.-A. Durbec, « Les Templiers dans les Alpes-Maritimes », p. 38. En avril 1300, les Hospitaliers obtiennent également de Boniface VIII, un hôpital, situé en bordure du Var, dans le diocèse de Nice, et destiné à accueillir les voyageurs utilisant le cours d'eau, G. Digard et alii, Les registres de Boniface VIII, n° 3587.
2. F. Bramato, Storia, p. 156, donne une liste d'une dizaine de villes d'Italie centro-septen-trionale dans lesquelles les Templiers possédèrent un hôpital. A Provins, l'un des deux hôpitaux était dédié à Marie-Madeleine, F. Bourquelot, « Notice sur le cartulaire des Templiers de Provins », BEC, t. 19, 1858, p. 175.
3. Les témoignages fournis par les frères lors du procès s'accordent notamment sur le maintien de cette vocation, A. Demurger, Jacques de Molay, p. 132-133.
4. P. Amargier, « La défense », p. 498.
Sources : Damien Carraz - l'Ordre du Temple dans la Basse Vallée du Rhône - 2005. Lyon
Profitant de la minorité de Raymond Bérenger IV qui commença à régner sous la tutelle de sa mère, Garsende, Nice se déclara indépendante, et fut amenée à un nouveau traité (22 août 1210) avec le comte de Provence en présence du commandeur du Var, Raimond, de Laugier et de Rlacas de Carros, de Pons Fabri, commandeur des Templiers, de François de Pontevez, etc. Le parti indépendant ayant à sa tête Miron Badat repoussa la flotte génoise avec tant d'énergie, qu'il lui fit prendre le large.
En 1238, Raymond Bérenger, chez les Cordeliers de Sisteron, nommera Romée gadiateur de son testament. Celui-ci fera confirmer en 1239 Arnaud de Villeneuve, son neveu, dans la possession de Traus et des Ares, fera rentrer Arles dans le devoir, dictera des lois aux ambassadeurs de Gênes (1239), aplanira en 1242 certaines discussions entre le prévôt d'Antibes et le chapitre, et choisira Vence pour y vider un différend juridictionnel, entre un commandeur des Templiers et l'archevêque d'Embrun. - Les évêques de Vence, de Glandèves et de Sénez seront les arbitres.
Sources : L'Abbé Eugène Tisserand - Histoire civile et religieuse de la Citée de Nice et du Département des Alpes-Maritimes. Nice 1862
Maison du Temple de Nice
En 1176, Alphonse Ier, roi d'Aragon, devenu comte de Provence, marcha à son tour contre Nice ; mais, éclairé par la catastrophe de son prédécesseur, il se contenta de bloquer la place, qui, réduite par la famine, finit par capituler. Alphonse lui accorda paix, pardon, protection et confirmation à perpétuité du consulat, promettant, avec serment, de maintenir le municipe dans toute son intégrité. Les consuls, à leur tour et au nom des habitants, s'obligèrent à payer au roi 25,000 sols melgoriens pour frais de guerre, et un tribut annuel de 2,000 sols de la même monnaie, pour droit d'albergue. Plus tard, ce monarque permit aux consuls de renouveler avec la république de Pise leur alliance, qui datait déjà de soixante ans, et qui avait été jusque-là autant politique que commerciale. Ces concessions prouvent l'étendue des privilèges dont jouissaient les Niçards.

Dans ce dernier siège s'étaient distingués les frères Hospitaliers et les Templiers établis à Nice depuis 1135. Ces derniers occupaient, dans l'intérieur de la ville, un grand monastère voisin d'une rue appelée alors d'un nom grec, Seleya, aujourd'hui la Grand-rue. Ils possédaient en outre dans le territoire de Nice deux autres établissements : le premier, dont on reconnaît encore les ruines sur la colline « dei Serroi Soubranoi », au bord du Var, était destiné à secourir les voyageurs obligés de traverser ce dangereux torrent, qui coulait alors à travers de sombres forêts ; le second, situé au lieu qui porte toujours le nom du Temple, entouré de jardins délicieux, servait de maison de plaisance aux prélats, barons et seigneurs. Près de cet emplacement, au milieu de vertes prairies et de superbes ombrages, coule encore une fontaine à laquelle les Templiers ont laissé leur nom. On croit communément que ces eaux, qui fertilisent la campagne environnante, sont celles qui arrivaient à Cimiez par son aqueduc romain.
Un troubadour du IIIe siècle, qui a chanté la source du Temple, nous apprend, avec Tacite, que Julie Procille, mère d'Agricole, s'y était retirée au temps des guerres civiles, et qu'elle y fut faite prisonnière par les troupes d'Othon. La villa des Templiers existe encore en partie dans la propriété des héritiers Massiglia. On y retrouve l'oratoire, une portion des murs de cage et de vastes souterrains.
Sources : Revue Contoporaine Neuvième année - 2e série - Tome Quizième - Paris 1860.
Ce dernier siège avait mis en relief le courage des Templiers, établis à Nice depuis 1135. Ils occupaient dans la ville un vaste monastère voisin de la rue Seleya, et dans la campagne deux maisons, l'une hospitalière, l'autre toute de plaisance. La première, dont on reconnaît encore les ruines sur la colline « dei Lerroi Soubranoi », au bord du Var, était destinée à aider et secourir les voyageurs au passage de ce dangereux torrent, qui traversait alors d'épaisses forêts. La villa, située au lieu qui continue à porter le nom de « Temple », entourée de jardins délicieux, servait aux plaisirs des prélats, barons et seigneurs. Près de là, au milieu de vastes prairies et de superbes ombrages, coule encore une fontaine à laquelle les Templiers ont laissé leur nom.
La villa des Templiers étale encore ses ruines dans l'héritage des Massiglia.
Sources : Joseph Napoléon Fervel - Histoire de Nice et des Alpes Maritimes - Paris 1802
Les Templiers étaient à l'apogée de leur gloire. Ils se trouvaient seigneurs souverains dans les pays qu'ils avaient créés, et pour y attirer des habitants, ils leur accordaient de larges libertés, comme le prouve la charte par laquelle ils donnent aux habitants de Saint Martin-d'Entraunes, en 1187, le droit d'élire leurs consuls et de s'administrer par eux-mêmes, moyennant le paiement des redevances féodales. Toutes les communes soumises aux abbayes ou aux évêchés eurent une large part à cet élan de liberté qu'imprima le traité de Nice.
Alphonse-le-Jeune étant venu à Nice, le 7 novembre 1188, pour renouveler le traité de 1176, avait pris son logement dans la magnifique commanderie des Templiers.
Sources : L'Abbé Eugène Tisserand - Histoire civile et religieuse de la Citée de Nice et du Département des Alpes-Maritimes. Nice 1862.
Raimond de Villeneuve, dominicain, qui avait souvent prêché à Grasse, fut promu au siége de cette ville. - Il inaugura son épiscopat par une transaction avec Geoffroy de Grasse, commandeur des Templiers de Nice, Grasse et Biot (district d'Aix). L'évêque de Vence, Guillaume, et Rostang de Rostang de Scopis, grand commandeur de la province d'Aix, sont choisis pour arbitres (3 janvier 1246). L'acte se passe à Antibes, dans le palais curial de l'église Ste-Marie, sous le portique.
Sources : L'Abbé Eugène Tisserand - Histoire civile et religieuse de la Citée de Nice et du Département des Alpes-Maritimes. Nice 1862.
Maison du Temple de Nice
Les Génois aident le roi d'Aragon. Les Pisans sont battus par l'amiral génois, Ogier de Vinto, à la hauteur d'Antibes (1170), pendant que le roi Alphonse, avec une courageuse persévérance, et habitué à cette guerre de montagnes, conquiert, l'un après l'autre, les forts et les châteaux, et se fait reconnaître dans l'Assemblée des Etats, à Aix. Seulslc comte de Forcalquier et le dauphin de Viennois ne déposèrent pas les armes. Nice toujours serrée de près par les Guelfes génois postés à Villefranche et à Monaco, surveillait dans ses propres murs la faction opposée soutenue par l'évêque, qui demandait même au Saint-Siége (H 74) à ce que son évêché, distrait d'Embrun, fut rattaché à la métropole de Gênes nouvellement créée. Les Grimaldi, tout puissants à Gênes, avaient deux des leurs cardinaux. Grimaldi, leur frère, était amiral de Gênes et seigneur de Monaco et de Grimaud. Les autres Grimaldi avaient les évêchés de Fréjus, d'Antibes et l'abbaye de Lérins.
Sources : L'Abbé Eugène Tisserand - Histoire civile et religieuse de la Citée de Nice et du Département des Alpes-Maritimes. Nice 1862.
Les Grimaldi, tout puissants à Gène, avaient deux de leurs cardinaux. Grimaldi, leur frère, était amiral de Gène et seigneur de Monaco et de Grimaud. Les autres Grimaldi avaient les évêchés de Fréjus, d'Antibes et l'abbaye de Lerins.
Les Génois, qui régnaient en souverains jusqu'aux portes de Nice, venaient d'élever aussi à Mont-Olive, près de l'église Saint-Jean, une commanderie de Templiers. Ils se croyaient si solidement établis dans le comté de Vintimille, qu'ils avaient enfin donné à ce siège un évêque dont il était privé depuis 1160. Il se nommait Etienne.
Les Gibelins de Nice avaient donc tout sujet de trembler. En effet, au mois de juin de l'année 1176, le roi d'Aragon, aidé des Grimaldi, parut sur les bords du Var. Il menait avec lui ses frères, Sanche et Raimond Bérenger ; Arnaud de Villeneuve, réconcilié avec son parti ; le sieur Blacas d'Alluis, Arnaud de Palara, Guillaume d'Alcara, Boniface de Castellane, autre Blacas de Sisteron et Pierre son frère, Porcelet d'Arles, Raimond de Cambord, Bérenger de Sainte-Eugénie, Guillaume d'Ese, Rodrigue de Callian et Raimond de Grasse. Les consuls Pierre Riquier et Bertrand Badat s'étaient retranchés fortement en attendant les secours de Pise. - Parmi les braves défenseurs de la cité, on voyait les Raimbaud, Fouque Astingue, P. Raibaudi, Guillemite, G. Ricardi, Pierre Badat, G. Milon, P. Niger, F. Raibaud, Alde Brandis, G. Adalguer, Bérenger Assalite, B. Doriac, G. Raginaud, Gantelme de Cambas-Longa. - L'armée aragonaise suivit l'ancienne voie romaine de Carras et de Saint-Augustin, et cerna bientôt la ville du côté du Paillon, tandis que la flotte tenait éloignés les navires de Pise. La résistance parut bientôt impossible, le peuple murmurait, les vivres manquaient. Il fallut se livrer à la merci du vainqueur, et lui envoyer des députés. Le roi d'Aragon, en homme habile, comprenant qu'on subjugue par la clémence, oublia son ressentiment pour faire, contre toute espérance, les concessions les plus larges aux Niçois. Le 8 juin, tous ceux que nous avons nommés plus haut, et de plus Roger, prieur des Hospitaliers de Saint-Jean ; Pierre du Broc, Raimond de Malaussène, Elie et Amic frères, hospitaliers; Hugues Gioffredi, commandeur des Templiers, se rendirent au camp du Var, et signèrent le traité suivant :
« Au nom de Dieu, faisons connaître à tous, que nous Alphonse, roi d'Aragon, par la grâce de Dieu, comte de Barcelone et marquis de Provence, avec nos frères Raimond Bérenger et Sanche, d'après l'avis de notre cour, de bonne foi et sans fraude, nous accordons et rendons la paix et notre bon vouloir plein et entier, avec rémission de toute peine civile et criminelle aux consuls et à tous les citoyens de Nice présents et à venir; nous leur accordons et confirmons le consulat avec toutes ses justices et sentences, tant des causes criminelles, que pécuniaires et civiles; le pouvoir perpétuel d'élire leurs consuls et magistrats ; nous leur confirmons les coutumes, us, privilèges qu'ils ont eus et qu'ils auront; en même temps ceux que possède ou peut posséder ladite université ou quelqu'un des citoyens de ladite ville de Nice. Pour ce, nous acceptons d'eux vingt-cinq mille sous melgoliens; ils donneront deux mille sous de la même monnaie à nous et à nos successeurs pour droit d'albergue. Ils donneront cent hommes tout équipés quand nous ferons des cavalcades depuis le Var jusqu'à la Siagne, et cinquante seulement de la Siagne au Rhône. Mais pendant les dix années qui suivent, jusqu'à ce que la paix soit bien établie, ils ne seront tenus de donner des hommes ni ici, ni là, et ils ne devront que les cavalcades ordinaires de l'évêque de Nice. Nous leur accordons ces privilèges sauf notre droit et celui de nos successeurs. En foi de quoi, le seigneur roi baisa sur la bouche les deux consuls de Nice, Pierre Riquieret Bertrand Badat, ce qui était la plus haute marque de considération et d'amitié. Suivent tous les noms des signataires. »
Sources : L'Abbé Eugène Tisserand - Histoire civile et religieuse de la Citée de Nice et du Département des Alpes-Maritimes. Nice 1862.
Prochainement sortie en librairie des "Templiers en Provence orientale" d'Edmond ROSSI, pour être averti de cet événement inscrivez vous dès à présent en contactant: edmondrossi@wanadoo.fr

GOURDON, BALCON D'AZUR

$
0
0

GOURDON DOMINE PAR SON CHATEAU.jpg

Perché à l’extrémité d’un éperon rocheux dominant la sortie des gorges du Loup, à 740m d’altitude, le village de Gourdon et son château constituent un véritable nid d’aigle. De là, un panorama splendide se développe de Nice à l’Estérel.

Sa position géographique en fait un lieu fortifié depuis la plus haute Antiquité qui résista, tout au long de l’Histoire, aux invasions et aux guerres qui ensanglantèrent la Provence. Cité dès 1035, Gourdon et sa forteresse furent jusqu’en 1235 possessions des comtes de Provence, avant de passer à la famille de Grasse-Bar, puis par mariage aux Villeneuve-Flayosc, pour aboutir en 1550 aux Borriglione d’Aspremont qui vendront la seigneurie le 24 mars 1597 à Louis de Lombard, un opulent avocat de Grasse. Les Lombard héritent du titre de Marquis de Montauroux, suite à un mariage en 1672. Le château reste aux Lombard jusqu’en 1820 où le dernier descendant le lègue à son neveu le marquis de Villeneuve Bargemon. Les héritiers de celui-ci vendront la demeure en 1918 à une américaine, Miss Noris qui ouvre un musée en 1938. Cédé à la Comtesse Zalewska, le manoir appartient aujourd’hui à un homme d’affaire. Du temps des Sarrasins à celui de la Reine Jeanne et des bandes de Raymond de Turenne, les habitants de Gourdon, à chaque épreuve, résisteront et dompteront les assauts de leurs adversaires : Sardes, armées de Charles Quint viendront buter sur leur résistance opiniâtre.

Aux IX ème et X èmee siècles, une première forteresse est édifiée pour se protéger des Sarrasins, sur ses soubassements un autre château est construit au XIIIème siècle, puis remanié au siècle suivant dans « l’esprit toscan ». C’est cette bâtisse qu’acquiert le Comte de Provence, Raymond Bérenger, avant de la céder à son neveu.

L’édifice actuel, élevé en 1610 par Louis Lombard après qu’il eut démoli la demeure médiévale, a traversé sans encombre la Révolution, ses propriétaires n’ayant pas émigré ni déplu. Endommagé en 1815 par les Autrichiens, la bâtisse va ensuite tomber à l’abandon, avant que Miss Noris ne s’attache à la restaurer dans son intégrité première.

Le château, inclus dans le système défensif qui cernait le village, complète les épais et solides remparts encore visibles.

De plan carré, flanqué d’une tour cylindrique à chaque angle (deux d’entre elles ont été reconstruites), ce château provençal type comporte un corps de logis à deux étages surmontés d’une génoise. Les quatre façades sont construites en pierre de taille. La principale donne sur la place du village, elle est percée d’une porte classique donnant accès à une cour pavée. Noter la croisée à meneaux dominant la porte.

Au sud, s’étend une vaste terrasse, plantée de tilleuls centenaires, ombrageant une pelouse ornée de massifs taillés en motifs circulaires. Le tout est bordé d’un parapet dont les angles forment deux balcons et une échauguette surplombant le Riou coulant 100m au-dessous.

Cette terrasse s’appuie sur une immense cave voûtée, soutenue par de massifs piliers, elle abrite une profonde citerne. Un escalier à double révolution conduit à une terrasse inférieure, maintenue par des arcs soutenus par de puissants contreforts.

Il ne reste que deux tours datables de l’ancien système défensif, l’une carrée à l’angle est de la terrasse supérieure, l’autre avec sa barbacane.

A l’ouest, le jardin dessiné par Lenôtre est prolongé par un parc entouré de murs par endroits encore crénelés.

Le rez-de-chaussée et la chapelle accueillent un musée historique avec armures anciennes, mobilier des XVIème et XVIIème siècles, des œuvres d’art d’un grand intérêt artistique.

Au second étage, sept salles sont occupées par un musée de peintures naïves contemporaines. Après avoir parcouru ces véritables jardins suspendus ornés de buis centenaires, ne pas manquer le panorama exceptionnel offert par la terrasse supérieure.

Autre témoin du passé de Gourdon, son église d’origine (XIIème siècle) remaniée au XVIIème siècle (porche). Classé Monument Historique, elle renferme un beau bénitier à têtes d’anges.

L’ancien chemin de Cipières part du quartier de La Colle (D. 12) pour atteindre Cipières après avoir traversé le plateau de Cavillore. C’est sur ce plateau en face de Courmes qu’un sentier part à droite pour s’engager le long de la barre rocheuse et atteindre « La Forteresse ».

Accrochée au rocher, cette construction en pierres de taille domine 300 mètres de vide et les gorges du Loup. Par endroit, le chemin vertigineux qui y mène n’est large que de 30 centimètres !

Cette bâtisse refuge défendue par un accès difficile possède un grand mur percé de deux meurtrières et un four à pain qui rappelle sa fonction d’abri permanent.

Probablement, ce repaire datable du Xe siècle devait accueillir les habitants du « castrum de Gordono » lors des attaques incessantes des Sarrasins à cette époque troublée.

Avec une source située à l’arrière, « la Forteresse » pouvait abriter une vingtaine de personnes avec leurs vivres.

Anecdote :

A Gandon près du camp Romain se dresse la curieuse chapelle Saint Vincent. Avec sa porte romane, ses fenêtres taillées en meurtrières et ses vestiges de fresques, cet édifice religieux a toujours intrigué ses visiteurs.

Les fouilles effectuées ont révélé des objets d’époques très différentes parmi lesquels une stèle gallo-romaine décorée d’un symbole astral, formé d’un croissant fermé dans une triple moulure. Ce signe représenterait les espoirs d’une vie meilleure dans l’au-delà, selon les spécialistes des antiquités romaines.

La légende prétend que ce message indiquerait la proximité d’un trésor enfoui non loin de la chapelle.

Les fouilles entreprises pour le retrouver se sont jusqu’à ce jour avérées vaines.

Extrait des « Histoires et Légendes des Balcons d’Azur » Ce livre est édité par les "EDITIONS CAMPANILE"http://www.editions-campanile.fr

avec possibilité d'y être commandé.

Ouvrage illustré, de 160 pages, également disponible dans toutes les bonnes librairies au prix de 18 € et dédicacé par l'auteur, en contactant: edmondrossi@wanadoo.fr

DON ANTOINE CAUVIN, LE CURÉ MILLIONNAIRE DE CONTES

$
0
0

CONTES VILLAGE.jpg

Don Antoine Cauvin naquit en 1810 à Sclos de Contes, un hameau important qui s'étage, bien exposé, au milieu des pins et des oliviers au-dessus de la vallée du Paillon.

Fils de notable, il fait ses études au grand séminaire d'Avignon avant d'aller poursuivre sa formation de théologie à Turin. Dans la capitale piémontaise, il se lie à la famille d'un important seigneur, bien en cour, le comte Piola. Don Antoine Cauvin est ordonné prêtre à Rome en 1834 et appelé par son frère Don Sixte Cauvin, pour enseigner auprès de lui dans une école confessionnelle qu'il vient d'ouvrir à Monaco.

Sans doute doué, outre la théologie, de talents de bâtisseur et commerçant, il crée la première école privée de commerce, à Sestri Levente. Puis s'installe ensuite à Turin, comme chapelain du père de Cavour.

La grande ouverture de sa vie débute en 1847 lorsqu'il part aux Etats-Unis. Il sera successivement curé de Gold Spring, de l'école militaire de West-Point, de Hoboken, de Fort Lee, de Newark. Il fait construire aux U.S.A., deux églises, une école et le premier hôpital de l'état du New-Jersey. C'est là qu'il gagna le surnom d'américain" qui le suivra le restant de sa vie.

Don Antoine Cauvin rentre en France en 1873. Son retour jugé précipité, donna lieu à une rumeur de fuite avec des tonneaux remplis de pièces d'or ! Auréolé de cette légende vivace, il se retira dans une propriété lui appartenant à Castagniers. Il n'oublia pas pour autant son hameau natal de Sclos de Contes.

Il y fit entreprendre, entièrement à ses frais, la construction de l'actuelle église paroissiale. C'est ainsi qu'en 1885 une monumentale église, d'un style contestable et inusité dans la vallée, se dressa au milieu des vignes. Emu par les frais d'entretien nécessités par cette imposante bâtisse pour les finances communales, le Conseil Municipal prudent précise alors dans une délibération : "Considérant que l'ancienne chapelle de Sainte Hélène est suffisante pour les besoins religieux du hameau du Sclos, considérant que l'acceptation de l'église de Monsieur l'abbé Cauvin constitue pour la Fabrique de Sclos une charge non en rapport avec ses faibles revenus, délibère au scrutin secret, et à la majorité de 7 voix sur 12 votants, qu'il n'y a pas lieu d'accueillir favorablement la proposition du Conseil de Fabrique de Sclos relativement à la donation de l'immeuble Cauvin".

Face à cette réserve, l'abbé Cauvin ajouta à la donation de l'église : "les voûtes sises au-dessus de la chapelle" qu'il s'était réservé précédemment et surtout la somme énorme à l'époque de 1000 Francs pour l'entretien de l'église. Le Conseil Municipal devant tant de générosité, revint sur sa décision et accepta le don.

L'inauguration solennelle eut lieu le 30 Mars 1891. L'abbé Antoine Cauvin mourut à Nice le 27 Mai 1902. Le village avait commémoré en 1900 son jubilé et ses 90 ans. L'abbé avait eu neuf frères et sœurs. Ses deux frères aînés, Sixte et Eugène, étaient eux aussi entrés dans les ordres. Sa sœur, Archine vécut à la Cour de Turin, où elle épousa un noble italien.

L'église Sainte Hélène avec son clocher pyramidal s'impose toujours, rappelant la mémoire de ce prêtre aventurier qui manifesta à sa manière l'amour qu'il portait à sa petite patrie.

D'après le livre "Histoires et Légendes du Pays d'Azur", disponible dédicacé en contactant:

edmondrossi@wanadoo.fr

PIERRE DE CHÂTEAUNEUF TROUBADOUR DU PAYS NIÇOIS

$
0
0

RUINES DU VIEUX VILLAGE DE CHATEAUNEUF DE CONTES.jpg

Originaire de Châteauneuf de Contes, Pierre de Châteauneuf est né à Nice vers le milieu du XIIIème siècle, ce troubadour suivit en 1265 l'expédition entreprise par Charles d'Anjou, comte de Provence, frère de Saint Louis.

Les dangers que ce prince courut sur mer, son débarquement à l'embouchure du Tibre, avec 36 galères, les fêtes de son couronnement à Rome, comme roi de Naples, par le pape Innocent IV ont fait le sujet d'une chanson en vers composée par le célèbre Pierre de Châteauneuf, qui jouit alors d'une grande renommée parmi les trouvères.

Sorte de reporter avant la lettre, il relata avec précision cette épopée avant de dédier un autre poème à la reine Béatrix, à l'occasion de son couronnement comme reine de Sicile.

Nostradamus raconte que l'infatigable Pierre de Châteauneuf, arrêté dans un voyage par des voleurs qui lui prirent son cheval, son argent, ses habits et même sa chemise, sut habilement s'en tirer alors qu'ils menaçaient d'attenter à sa vie. Il les supplia de lui permettre de faire encore, avant de mourir, une improvisation à leur louange. Ce sang-froid et cette idée extraordinaire dans un moment aussi critique mirent les assassins de bonne humeur. Non seulement ils abandonnèrent leur funeste projet, mais ils lui restituèrent tout ce qu'ils lui avaient pris ! Ils l'emmenèrent ensuite avec eux faire ripaille, lui offrant l'occasion d'enrichir ainsi son inspiration poétique.

 D’après les « Histoires et Légendes des Balcons d’Azur », ce livre est disponible dédicacé sur simple demande en contactant : edmondrossi@wanadoo.fr 

SUZANNE DE VILLENEUVE, HEROINE DE MOUANS SARTOUX

$
0
0

CHATEAU DE MOUANS SARTOUX.jpg

La famille de Grasse possédait tout le pays entre Brague et Siagne, des plateaux à la mer. Le baron Pompée de Grasse, zélé partisan d'Henri III, fut assassiné à Mouans par les Ligueurs en 1588.

Suzanne de Villeneuve, femme énergique, se trouve alors seule lorsqu'en 1592 le duc de Savoie, forcé de quitter la Provence, fait un détour pour châtier les habitants de Mouans, coupables d'attachement au roi. Enfermée dans son vieux manoir avec ses sujets, elle résiste à un siège en règle.

Enfin, vaincue par le nombre, elle se rend à condition que le village et le château soient épargnés. Le Duc viola sa parole et fit raser le château en 1597. La baronne, outrée d'une pareille conduite, s'en plaignit vivement au Duc qui lui promit 4000 écus d'indemnité. La nuit venue, le Duc et son armée levèrent le camp pour rejoindre le Comté de Nice. Suzanne, déterminée, poursuivit courageusement son désinvolte ennemi qu'elle rattrapa à Cagnes.

S'élançant vers le Duc, elle saisit la bride de sa monture et, au milieu de ses soldats, elle l'invectiva, l'obligeant à tenir sa promesse sur-le-champ. Retournée à Mouans, elle entreprit de relever les ruines de son château.

Reconstruite, la nouvelle demeure servira, au siècle suivant, de repaire à des bandits de grand chemin. Une plaque visible sur le mur d'enceinte rend hommage à l'héroïne locale, Suzanne de Villeneuve, qui, par sa ténacité et son courage, fit renaître le château.

Pour en savoir plus, consulter les "Histoires er Légendes des Balcons d'Azur", ouvrage disponible dédicacé en contactant

edmondrossi@wanadoo.fr

L’ASSASSINAT D’HONORE LASCARIS COMTE DE TENDE

$
0
0

LASCARIS.jpg

Après la dédition du Comté de Nice à la Savoie en 1388, va se poser le problème d’une liaison sûre et commode à travers les Alpes pour relier les terres savoyardes du Piémont et de Nice.

Les seigneurs de Tende, véritables portiers, tiennent le passage le plus aisé, le célèbre col de Tende. En 1430, cette situation contraint le Duc de Savoie à tracer un chemin muletier conduisant de Nice à Cuneo par la vallée de Lantosque, Saint Martin de Vésubie et le col de Fenestre. Une stratégie habile avait conduit la Maison de Savoie à acquérir en 1425 une partie des droits sur La Brigue et d’entreprendre de la raccorder à Menton par Breil, avant de prolonger la voie jusqu’à Mondovi par Uperga et Carnino.

Mais en dépit de ces contournements, le comté de Tende restait toujours le noyau bloquant le passage naturel le plus commode.

Devant cet encerclement, se sentant menacé, le comte de Tende se place prudemment sous la tutelle du Roi de Provence, René d’Anjou, dès 1437. Cet hommage sera répété le 6 Août 1453 par Honoré Lascaris, comte de Tende, qui conclut également une alliance avec le Duc de Milan, Francesco Sforza.

Bientôt, la tension débouche sur une guerre en Piémont menée contre le Duc de Savoie, elle s’achève en 1458, sans altérer la puissance des seigneurs de Tende. Déterminée, la Maison de Savoie décide alors de se débarrasser du comte de Tende par un habile complot. Les conjurés se réunissent en Octobre 1472, y participent : le comte Lambert Grimaldi, seigneur de Monaco, Barthélemy Lascaris, seigneur de La Brigue et Jean-Louis de Savoie, évêque de Genève, frère du Duc Amédée.

La stratégie militaire s’avère difficile dans cette vallée étroite où l’on pénètre par des routes plutôt destinées aux chamois qu’aux hommes, hérissée de redoutes, entourée de vastes forêts, habitée par des gens accoutumés à la lutte, au brigandage, où se réfugient les bandits ligures et piémontais guidés par des chefs rompus à la guerilla, soutenus de plus par d’immenses richesses accumulées pendant des siècles par de lentes et infatigables rapines.

A l’incertitude des batailles, on préfère l’arme plus sûre du poison.

Barthélemy Lascaris prend alors contact avec Pierre Parpaglia, vicomte de Rovigliasco et gouverneur pour le comte Honoré du château de Tende et l’invite à Turin, où les deux hommes rencontrent l’évêque de Genève, cerveau du complot, pour établir les détails du plan.

Le poison est confié à Parpaglia et la date de l’empoisonnement est fixée au 5 Février.

La nuit du 4, les bandes de Lambert Grimaldi descendront des bois et Parpaglia ouvrira les portes du château. Le poison sera administré au comte Honoré par son cuisinier dans la journée du 4.

La première phase de l’opération se déroulera comme prévue, le comte aura le temps de dicter son testament et cessera de vivre le 5 Février 1473. Ayant reçu confirmation de l’empoisonnement par le médecin, Marguerite del Carretto, veuve du comte Honoré, fait arrêter le cuisinier puis Parpaglia qui s’apprêtait à ouvrir les portes du château.

Barthélemy Lascaris de La Brigue avait reçu 200 ducats versés par l’évêque Jean-Louis de Savoie, pour le prix de sa traîtrise. Par ordre de la veuve Marguerite, le nom de Parpaglia, l’assassin, sera gravé sur la pierre tombale du comte Honoré Lascaris.

Voici sous forme de légende, rapportée par Euclide Milano, la conclusion morale de ce tragique épisode, toujours présent dans la mémoire des gens de Tende. “ Beaucoup de temps était déjà passé depuis ces tristes événements sur lesquels commençait déjà à s’étendre le voile de l’oubli quand, un soir, on vit entrer à Tende et gravir lentement les ruelles étroites et tortueuses, de son pas incertain et las, un humble pèlerin. Sa bure était déchirée, sa barbe longue et touffue, son visage émacié, mais ses yeux lançaient d’étranges éclairs et son corps était parcouru de frémissements fébriles. Il provoquait l’étonnement plutôt que la pitié. C’était Pietrino Parpaglia, celui qui avait empoisonné le comte. Pendant son long emprisonnement, une idée fixe, insistante, implacable, avait rendu plus angoissante sa solitude, ses insomnies plus tourmentées, son remords plus aigu ; l’idée que cette inscription placée sur ce sépulcre rendait son nom plus infâme pour l’éternité.

Alors que cette pensée, telle un parasite, lui rongeait l’âme et le corps, une ferme résolution avait mûri en lui, celle de rayer l’inscription, arrachant au sépulcre de son seigneur le témoignage du délit perpétré par lui. Et maintenant, il venait exécuter le projet qu’il avait préparé dans la dure prison, l’idée qui avait dévoré le sommeil de beaucoup de ses nuits, en lui apportant en même temps le tourment et le réconfort. Personne ne l’a reconnu. Alors que déjà les ombres de la nuit descendent et que les proches sommets escarpés qu’il connaît bien semblent devenir géants et plus effrayants, il entre furtivement dans l’église et il s’y cache. Peu après, il entend la porte se refermer, les dernières voix se taisent dans les rues environnantes, partout règne un profond silence.

La faible clarté de étoiles qui filtre des fenêtres lui suffit pour distinguer sur le sol la pierre portant les mots qui lui crient : “ Assassin ”, ces mots que pendant ses années de prison, il voyait lui apparaître, noirs, énormes, horribles, il les tâte convulsivement puis il tire d’une poche le marteau et un ciseau et il se dispose à détruire, une à une, les lettres en relief, son cœur éclate d’émotion.

Il va enfin obtenir le soulagement tant espéré ... Mais l’œuvre de Parpaglia vient de commencer et, fébrilement, il continue à donner sur le marbre de rapides coups de marteau qui résonnent dans le vaste silence, quand, soudain, il s’arrête comme pétrifié et un froid de mort parcourt toutes ses veines. La grande plaque de marbre se déplace sous sa main, elle se soulève, s’incline d’un côté, il s’arrête, horrifié, et il voit le spectre du comte se dresser peu à peu hors du sépulcre, menaçant et horrible, le fixant farouchement de ses orbites vides, levant un bras vengeur.

Il voudrait crier pitié mais sa voix s’étrangle dans sa gorge, il voudrait fuir, mais la terreur le cloue au sol, agenouillé, immobile. Et le spectre, les flancs enveloppés du linceul funèbre, continue à se lever et son regard poursuit l’ancien écuyer tranchant et courtisan comme pour lui demander raison de sa trahison ignoble ... Finalement, Parpaglia se secoue, se demande à lui-même un dernier effort et se met debout puis, vacillant, il tourne le dos au fantôme horrible. Il s’enfuit, courant au hasard, il délire, sa course est folle et sans destination dans la grande église obscure, il lui semble encore que le comte le menace, que le comte le suit, jusqu’à ce que sa tête heurtant avec violence une colonne en marbre, il tombe à terre, foudroyé ”.

Dans la chapelle St Louis de l’église de l’Annonciation, la dernière phrase de l’épitaphe gravée que porte la tombe d’Honoré Lascaris indique “ Venenatum per Petrinum Parpag ... ” (empoisonné par Pierre Parpaglia). On remarquera effectivement que les dernières syllabes on été curieusement détruites et effacées par un ciseau anonyme.

Pour connaître les belles histoires du riche passé des Alpes Maritimes consulter les livres d'Edmond ROSSI, information et commande en contactant edmondrossi@wanadoo.fr

LA VENGEANCE DE L'AMAZONE MARGUERITE DE TENDE

$
0
0

TENDE 1.jpg

“ Illustre Amazone et généreuse capitanesse ”, c’est ainsi que Nostradamus définit Marguerite del Carreto, veuve du comte Honoré Lascaris de Tende, empoisonné en 1473. Elle sut déjouer le complot visant à livrer le comté à la Maison de Savoie après l’assassinat de son époux. Menacée dans son château par les conjurés, elle réagit avec vigueur face aux dangers et trahisons, réussissant à se tirer de toutes ces aventures. Sa détermination et son courage s’expriment dans cette phrase écrite quelques jours après le complot : “ Je fais faire bonne garde, c’est pourquoi je n’ai peur de personne ”. Marguerite va non seulement se défendre mais attaquer et soumettre plusieurs comtes rebelles, suite à la disparition d’Honoré Lascaris.

Ainsi le 21 Mars 1474, la comtesse obligera son cousin Jeannet de Vintimille à céder ses droits sur certains territoires. Tout au long de l’année 1474, Marguerite va obtenir serments de fidélité et actes de soumission, du Val de Maro à Tende. De même, soucieuse d’assumer ses arrières, l’Amazone s’adressera au roi René de Provence pour confirmer l’alliance politique instaurée par le comte Honoré.

Jusqu’à la Renaissance, la politique des Lascaris de Tende coincés du Nord et au Sud par la Savoie, à l’Est par la République de Gênes et à l’Ouest par les comtes de Provence puis les rois de France, maudits par les populations limitrophes, s’appuiera essentiellement sur le peuple de Tende en rénovant leurs institutions et respectant leurs libertés. Ainsi, trois siècles durant, les Lascaris abrités dans leurs montagnes, tiendront en échec les plus puissantes maisons d’Europe.

Bientôt une rébellion éclate à Gênes contre Gian Galeazzo Sforza, duc de Milan et seigneur de Ligurie, et son alliée Marguerite de Tende, à propos des possessions et châteaux de cette dernière, situés dans le Val de Maro, revendiqués de tout temps par Gênes.

Marguerite proclame “ l’ost général ” et à la tête des milices du comté aidées de bandes de mercenaires, elle parvient à reconquérir les châteaux perdus. Jean Antoine Lascaris, fils du défunt Honoré, obtient au printemps 1479, le jurement d’obédience de ses terres. A l’automne, les Gênois reviendront vainement à l’attaque. L’Amazone avait donc raffermi son autorité sur l’ensemble de ses fiefs. Elle se voit alors offrir, en 1483, l’occasion d’assouvir une vengeance tardive.

Pierre Lascaris, coseigneur de La Brigue et seigneur du château de Préla, sur lequel la comtesse revendiquait ses droits, avait été l’un des chefs de la conjuration contre le comte Honoré Lascaris.

Navigant dans les environs de Varigotti en direction de Gênes, dont il était l’allié, Pierre Lascaris fut soudain attaqué et capturé pour être livré à Finale au marquis Nicolo del Carretto, seigneur du lieu et frère de Marguerite. Enfermé au château de Murago, le captif fut remis à la comtesse Marguerite qui le plaça dans les cachots du château de Maro.

Soumis à la torture par ordre et vengeance de la comtesse de Tende, le malheureux prisonnier verra aussi son château de Préla rasé sur ordre de celle qu’il avait trahie. La Maison de Savoie intervint en Août 1485, pour faire remettre en liberté son vassal Pierre Lascaris, mais l’Amazone fit la sourde oreille. Sa libération ne sera obtenue qu’après versement d’une rançon de 800 florins.

Les différents entre le comté de Tende et leurs cousins de La Brigue, assoupis pour un temps, reprennent bientôt à propos de la situation chaotique de la Ligurie.

Marguerite de Tende attaque par surprise le château de Préla, à nouveau reconstruit, dans lequel est retranché Barthélémy Lascaris, frère de Pierre, allié de la République de Gênes. Cette dernière n’interviendra pas, grâce à une manœuvre diplomatique de la comtesse de Tende.

 L’Amazone face à qui deux évêques, un Lambert Grimaldi et la République de Gênes s’étaient inclinés, n’était pas seulement un grand capitaine mais aussi un habile stratège politique. Prévoyant l’isolement économique du comté de Tende, elle obtient en 1489 une importante concession du Duc de Savoie : la suppression de tout péage pour les sujets et le bétail de Tende, traversant les terres de Savoie pour se rendre ou revenir de Provence. Après cette dernière démarche de détente politique, disparaît Marguerite de Tende, l’une des femmes les plus remarquables de ce comté. La comtesse repose dans la chapelle St Ludovic avec son mari et ses fils à l’intérieur de l’église paroissiale de Tende, au cœur d’un fief qu’elle sut si habilement défendre et protéger.

DÉCOUVRIR LE RICHE PASSÉ DES ALPES MARITIMES À TRAVERS LES LIVRES D'EDMOND ROSSI, RENSEIGNEMENTS: 

edmondrossi@wanadoo.fr


DES BARBETS VICTIMES D'UN TOUR DE COCHON !

$
0
0

BARBETS.jpg

La Révolution française, apportée par les troupes de la République en automne 1792 dans le Comté de Nice (Province du Royaume de Piémont-Sardaigne) provoqua des réactions diverses souvent teintées d’hostilité.

Les réquisitions, les pillages des troupes en campagne, les profanations de l’athéisme républicain et la conscription obligatoire ébranlèrent les fondements d’une société rurale traditionaliste, au point de déclencher une révolte comparable à la Chouannerie vendéenne.

Embusqués dans les vallées, des bandes de paysans montagnards : les Barbets, encouragés par le clergé et souvent encadrés par des nobles, officiers piémontais, menèrent une guérilla de francs-tireurs contre les troupes de la République.

La guerre de conquête, menée contre les troupes austro-sardes et leurs auxiliaires Barbets, va se poursuivre par des campagnes successives.

Enfin le 15 Mai 1796, un traité de paix, signé par Victor Amédée III, met fin aux hostilités. Le Roi du Piémont-Sardaigne renonce au Comté de Nice, qui devient le département français des Alpes-Maritimes. Les troupes françaises se retirèrent, mais les Barbets s’enhardirent. L’historien Paul Canestrier précise que loin d’obtempérer à l’ordre de désarmement du roi sarde, ces partisans optèrent pour le brigandage, ouvrirent leurs clans aux déserteurs de tous crins, aux ennemis des lois, aux criminels de profession.

Ils erraient de Lantosque à Entraunes en passant par Saint-Sauveur, Breil et Péone ; ils échelonnaient leurs pieds à terre sur les pics, dans les manoirs désaffectés, dans les grottes ouvertes sur le vide. Ils rasaient dans l’ombre les fermes éparses et fondaient sur leur proie. Ils détroussaient les voyageurs, les laissant nus et rossés. Les vieillards nous effraient en rapportant les récits précis qu’ils tiennent de leurs pères.

Les Barbets étaient plus de deux cents au-dessus de Guillaumes et de Beuil en septembre 1797. Le gouverneur de Nice détacha contre eux la garnison d’Entrevaux et recruta dans chaque village trente miliciens. On promettait une prime de 20 quintaux de froment et une somme équivalente à qui capturerait un Barbet. Le 8 Mai 1799, le général Pouget invita les habitants à se lever en masse. Le préfet pouvait enfin écrire en 1801 : “ La tranquillité et le calme règne dans cette contrée qui aurait pu devenir une seconde Vendée ”.

Voici un événement authentique, reflet de cette période trouble, parvenu jusqu’à nous d’une génération à l’autre.

L’hiver 1797, comme chaque année à la même époque, la famille Arnaud, qui demeurait à Enaux, un hameau isolé de Villeneuve d’Entraunes, avait tué son cochon. Un beau cochon bien nourri, rose et gras à souhait. Voilà que court la rumeur de la prochaine venue d’une bande de Barbets, détrousseurs de voyageurs et pilleurs de ferme. Aussitôt avec beaucoup de sang froid, la famille Arnaud décide de sauver son cochon en essayant d’attendrir les brigands.

Promptement habillé, le porc nanti d’une coiffe en dentelle, est dignement installé dans le lit de la grand-mère, dont la chambre est parée pour une veillée mortuaire improvisée. Volets fermés, rideaux tirés, cierges et crucifix posés autour et sur le lit achèvent de planter le décor. Les visages tristes, les chapelets que l’on égrène, la larme écrasée au coin de l’œil complètent la mise en scène.

Lorsque les Barbets se présentent à la modeste ferme en deuil, les pleurs sont tels qu’ils hésitent puis rebroussent chemin. Le chef aurait même esquissé un signe de croix au seuil de la chambre où reposait la chère disparue !

Sitôt le danger passé le sourire reprit ses droits. Quand au cochon, héros involontaire de cette burlesque histoire, sa dépouille fut rondement dévêtue, découpée et mise au saloir.

Pour connaître le passé du Pays d'Azur, consutez les livres d'Edmond ROSSI, renseignements: edmondrossi@wanadoo.fr

LE MASSACRE DE SAINT MARTIN DU VAR

$
0
0

SAINT MARTIN DU VAR.jpg

Dans la nuit du 6 au 7 Septembre 1851, une troupe de paysans originaires d’Utelle et de la vallée de la Vésubie, fut prise en embuscade par les douaniers sardes alors qu’ils passaient sur le nouveau pont de la Madeleine, chargés de sel acheté à bas prix au Broc en France.

La fusillade qui dura une partie de la nuit fit six morts parmi les paysans. L’affaire, qualifiée de “ massacre de Saint Martin ” par les journaux de Nice et du Piémont, fit grand bruit. On prit souvent fait et cause pour les paysans, en insistant sur le fait qu’ils n’avaient pas d’armes et on eut aucune peine à monter en épingle la sauvagerie des gardes.

L’exaspération de la presse fut à son comble lorsqu’on apprit qu’ils avaient, le lendemain, célébré leur victoire à Saint Martin autour d’une bonne table, faisant ensuite le tour du village en chantant des airs déplacés, au moment où passait (c’était le 8 septembre) la procession en l’honneur de la Nativité de la Vierge. La population en fut paraît-il profondément choquée.


L’intervention des douaniers sardes marquait la volonté du gouvernement sarde de faire respecter les nouvelles lois douanières supprimant, “ grosso modo ”, les faveurs commerciales dont bénéficiait le Comté de Nice depuis le Moyen Age.

La frontière du Var entre Nice et la Provence avait pendant longtemps été facile à franchir, du moins jusqu’à la Révolution. Depuis 1815, le franchissement était devenu plus difficile, surtout en raison de la rigueur toute nouvelle des douanes françaises. Mais il subsistait par-delà la frontière des intérêts de voisinage et une identité linguistique qui permettait la poursuite des relations, sinon au grand jour, du moins plus discrètement.

La fusillade du pont Charles Albert résonnait aux oreilles des Saint-Martinois, comme un avertissement : la frontière était verrouillée et la contrebande une activité à très haut risque. Ce qui venait de se passer sur ce pont, dit aussi de la Madeleine, pouvait tout aussi bien arriver en face de Saint Martin, sur le gué conduisant au Broc. L’épisode marqua assez les esprits pour que cette affaire de la “ saou dou Broc ” (le sel du Broc) devint synonyme de correction exemplaire. Promettre la “ saou dou Broc ” à quelqu’un resta pendant longtemps la pire des menaces.

La contrebande ne s’arrêta pas pour autant, si l’on en juge par la décision de la municipalité Baudoin (1872-1875) de construire un hangar au cimetière pour y déposer les noyés, trouvés dans le Var, en faisant la contrebande du sel.

Retrouvez le passé et l’Histoire des Alpes Maritimes à travers les livres d’Edmond ROSSI, renseignements : edmondrossi@wanadoo.fr

 

CORPORANDI D'AUVARE, UNE FAMILLE SEIGNEURIALE DU COMTÉ DE NICE

$
0
0

 

Corporandi.jpg

 Seigneurs de La Croix sur Roudoule, puis du fief d'Auvare, érigé en baronnie en leur faveur en 1774 par le roi de Sardaigne, les Corporandi régneront sur de petits villages perchés, plaqués sur une crête rocheuse dominant la vallée de la Roudoule au-dessus de Puget-Théniers.

 Auvare, pittoresque village du bout du monde, est installé sur le bord d'une falaise qui en fait une forteresse naturelle, renforcée par des constructions datées du XIIIème siècle.

 La Croix et Auvare ne feront partie du Royaume de Sardaigne qu'après 1760, où la frontière est révisée à la suite du traité de Turin. Ce qui explique le destin tour à tour français et piémontais de la famille Corporandi. Les représentants de cette noble lignée s'illustreront dans l'armée et la marine aux XVIIIème et XIXème siècle.

 Le plus connu, Gaspard Corporandi d'Auvare est né et mort à La Croix (1722-1804). Engagé en 1745 dans le corps de génie de l'armée française. Il participe à toutes les guerres grimpant les grades successifs jusqu'à celui de maréchal de camp. Il se retire alors et prend sa retraite à Entrevaux.

 Mais au début de la Révolution, bien qu'âgé de 70 ans, il est rappelé comme général de division et affecté aux Pyrénées Orientales. Un peu plus tard, libéré définitivement, il retourna dans son village et fut confirmé dans son grade par Bonaparte.

 Plusieurs de ses descendants se distingueront dans l'armée sarde puis après 1861, au service du Royaume d'Italie.

Pour découvrir le passé historique des Alpes Maritimes à travers les livres d'Edmond ROSSI, contactez : edmondrossi@wanadoo.fr

 

« MYTHES ET LÉGENDES DE NICE ET DU PAYS D’AZUR »

$
0
0

L'EXPRESS 3.jpg

Le numéro de l’hebdomadaire « L’EXPRESS » du 15 octobre 2014 développe les légendes et présente les lieux mythiques de Nice et sa région.

Dans ce dossier, à ne pas manquer l’interview accordée par Edmond Rossi à propos du Loup et de la polémique soulevée autour de son retour dans les Alpes Maritimes.

 « LE LOUP INCARNATION DES FORCES DU MAL »

L’animal est au centre des récits les plus effroyables qui étaient contés le soir au coin du feu.Edmond Rossi, auteur notamment de « Contes et Légendes du Pays d’Azur » (Éditions Sutton), revient sur les raisons d’une telle fascination. Passionné : Historien, écrivain, conteur, Edmond Rossi décortique les mythes véhiculés dans la région par la mémoire collective.

Très tôt les hommes se sont organisés pour contrer les capacités de nuisance des loups. De quelle façon?

Les premières battues remontent au temps de Charlemagne. A l'époque, un service spécifique avait même été créé avec, à sa tête, un Lieutenant de louveterie. L'idée étant, bien sûr, de protéger les troupeaux des assauts de cet animal sauvage. Les pâtres et les bergers étaient également des cibles idéales pour lui. Le loup aurait pris goût à la chair humaine au temps des guerres, sur les champs de bataille jalonnés par de nombreux cadavres. Dans les Alpes-Maritimes, plusieurs sites évoquent la présence ancienne de ces bêtes féroces. Comme le col de Gratteloup, ou encore cet énorme rocher, placé au bord d'un chemin, entre Villeneuve-d'Entraunes et Bantes, et surnommé « la peira déou loup» (la pierre du loup) depuis qu'un paysan, attaqué par une meute, s'est réfugié dessus.

Quels sont les symboles et les croyances qui lui sont associés?

Ici, comme un peu partout dans le monde, aussi bien chez les Amérindiens qu'en Asie ou en Europe, le loup incarne les forces du mal, le diable, un monstre aux pouvoirs décuplés. Le territoire escarpé du haut pays niçois, avec ses bois sombres et ses vallées encaissées, offre un décor propice aux histoires les plus terrifiantes. Le fait que le loup agisse la plupart du temps la nuit leur donne une dimension encore plus inquiétante. Tous ces récits ont pour but de conjurer le sort, d'exorciser la peur, car on tient éloigné ce qui nous angoisse en mettant des mots dessus. Le loup a également inspiré de nombreuses expressions imagées : « hurler avec les loups », « être connu comme le loup blanc », « quand on parle du loup, on en voit la queue», « l’homme est un loup pour l 'homme », « enfermer le loup dans la bergerie »…

Son image semble avoir évoluée. Le loup serait-il en voie de réhabilitation?

La convention de Berne, ratifiée en 1979 et transcrite dans le droit français en 1989, a fait du loup une espèce protégée. Le succès de certains parcs animaliers spécialisés montre bien à quel point il a conservé son pouvoir de fascination, même si la guerre fait rage entre ses détracteurs et ses défenseurs. La récente réapparition de loups sauvages dans le massif du Mercantour oppose régulièrement les écologistes, pour qui ce prédateur naturel est indispensable à la préservation de l'écosystème, et certaines corporations, comme celle des bergers, qui craignent pour leurs troupeaux. Notre territoire n'échappe pas à cette polémique, puisque les Alpes ­Maritimes recensent 40 % des attaques en France. En 2013, près de 2500brebis y ont été tuées. De quoi continuer à alimenter les légendes.

 Amandine HIRROU« L’Express » N° 3302 / 15 octobre 2014

COUVERTURE DES LOUPS.jpg

Voir son livre « Histoires de Loups en Pays d’Azur » à consulter ou commander à:

edmondrossi@wanadoo.fr

RAYMOND FÉRAUD TROUBADOUR NIÇOIS

$
0
0

TROUBADOUR.jpg

Raymond Féraud né à Ilonse en 1255 vécut dans la cour de l'illustre Charles d'Anjou, frère du roi Saint Louis, devenu comte de Provence après son mariage en 1246 avec Béatrix, héritière de la Provence. Raymond Féraud, originaire d'un village perdu de la vallée de la Tinée, verra ses deux sœurs entrer dans les grandes familles de la région.

L'une s'alliant à Guillaumes Rostaing de Beuil, l'autre à Laugier de Roquesteron. Rentré pour sa part au monastère de Lérins, il le quittera pour se rapprocher des siens et passer avec eux les trente dernières années de sa vie.

Il composa de nombreux poèmes populaires en langue provençale dont la vie de Saint Hermentaire, très connus au XIIIème siècle, mais hélas disparus. Il nous reste cependant "la Vie de Saint Honoré" grâce à une copie faite au XVIème siècle.

D'un style alerte, mêlant la légende dorée à la geste épique, ce long poème qui lui fut imposé, reprend la tradition latine tout en essayant de plaire à Marie de Hongrie, en montrant que la fondation du célèbre monastère de Lérins était due à un membre de sa famille.

Promenant le lecteur aux quatre coins de la région, cette œuvre sera achevée à Roquesteron. Le célèbre troubadour écrit : "En l'an de Dieu 1300, le prieur acheva son roman, en l'honneur de Dieu et des saints, en sa maison de la Rocca, prieur au val de l'Esteron, et à l'Olive près d'ici".

Pour découvrir les livres qui relatent les belles pages du passé du "Pays d'Azur", contactez: edmondrossi@wanadoo.fr

Viewing all 93 articles
Browse latest View live